Voici le compte-rendu d’une action de l’antenne FFMC 04, tenue les 26 et 27 juin à Jausiers (04850). Merci à Célia Fine pour ce texte, que nous vous reproduisons tel quel.

Dès la fin du confinement, des collectifs de riverains habitant la vallée de l’Ubaye, célèbre entre autre pour la route du col de la Bonette, ont fait signer des pétitions contre le bruit des motos.

En réaction, l’antenne 04 de la Fédération française des motards en colère (FFMC) a contacté la municipalité de Jausiers, située sur le parcours empruntés par de nombreux motards, pour organiser des actions de prévention. Une démarche à laquelle les édiles locaux se sont montrés immédiatement réceptifs.

Le relais organisé les 26 et 27 juin dans ce cadre a été un succès ! Plus de deux cents motos se sont arrêtées, les bénévoles de la FFMC 04 ayant été chaleureusement accueillis par la très dynamique municipalité de Jausiers.

De plus, des échanges très constructifs ont eu lieu entre des motards de passage et les membres de collectifs « antibruit » qui ont également apprécié l’initiative.


Trois enseignements à tirer

Les mesures et les normes sur le bruit, de nombreuses personnes n’y entendent rien et confondent souvent les différentes valeurs. Pour y voir clair, il suffit de lire l’article « bruit des motos : comment le mesure-t-on ? » publié sur le site de la FFMC. Petit rappel.

- La méthodologie
Les mesures de bruits sont réalisées en dynamique. La moto ne doit pas dépasser 78 dB en roulant entre des sonomètres, avec des critères précis de rapport de boite de vitesse et de régime moteur. Comme ces mesures ne sont évidemment pas reproductibles sur le bord de la route. Comment faire alors pour tester la conformité d’une moto ?

Après le parcours dynamique, si la moto est conforme, son volume sonore en statique est mesuré à l’arrêt, selon des critères bien précis (régime moteur égal à la moitié du régime de la puissance nominale, ou à 75 % de celle-ci si le régime maximal est inférieur ou égal à 5000 tr/min).

Cela donne la fameuse valeur U1 que l’on retrouve sur nos cartes grises et qui diffère d’une moto à l’autre ; un moteur à forte cylindrée unitaire ne fera pas le même bruit en statique qu’un multicylindres quand bien même les deux font 78 dB en dynamique !

Mon Sporster de 2002, par exemple, a une valeur U1 de 100 dB, mais il ne fait pas 100 dB en roulant, sinon je serais sourde depuis longtemps ! Simplement, s’il ne dépasse pas 100 dB en statique, cela veut dire qu’il sera bien à 78 dB en dynamique.

Donc si un « antibruit » télécharge une appli sonomètre sur son smartphone et se poste sur le bord d’une route pour dire « les motos, ça fait du bruit ! », le moins compétent des avocats commis d’office démontrera sans soucis devant un tribunal que ses mesures ne veulent rien dire et que l’on ne peut en tirer aucune conclusion.

- Question de sémantique
Ce qui m’amène au deuxième enseignement, les médias généralistes ont fait beaucoup de mal en ajoutant de la confusion à l’ignorance en parlant des « radars anti-bruits ».

Un radar utilise les ondes électromagnétiques pour déterminer la position et la vitesse d’objets en mouvement. Un appareil mesurant le volume sonore est un sonomètre. Les mots sont importants et ce n’est pas anodin d’avoir appelé radar un sonomètre, nos chers gouvernants nous ayant asséné à maintes reprises qu’il suffit d’installer des radars sur le bord des routes pour résoudre tous les problèmes de sécurité routière !

Alors hop ! des radars antibruit et plus de problèmes de bruit ! Nous sommes là dans la pensée magique et plus dans le rationnel. Et que la loi soit très précise sur les mesures de bruit et ne mentionne pas le cas de sonomètre positionné sur un point fixe, cela personne n’en parle ! Quid, par exemple, des motos ayant une sortie d’échappement de chaque côté et pour lesquelles il faut deux mesures ?

- Acceptabilité en baisse
Dernier point et non des moindres, d’après des élus ou des habitants de Jausiers présents, et pas seulement des « antibruit », cela fait plus ou moins cinq ans que la circulation (circulation en général, autos, motos ou camions) est perçue comme une nuisance. "Avant, personne ne s’en préoccupait" nous a affirmé un motard local,. Pourtant, les motos n’ont pas changé à ce point en cinq ans, alors qu’est-ce qui s’est passé ?

Sans vouloir faire de la sociologie de comptoir, les vacanciers ou les citadins implantés à la campagne, qui ne supportent pas le chant du coq, le son des cloches des vaches ou les cigales, ont probablement contribué à déterminer que seuls les bruits issus de la nature sont acceptables, alors que ceux issus de l’activité humains sont nuisibles, dangereux et néfastes pour l’environnement, le climat, la biodiversité, etc. Il serait intéressant qu’un sociologue étudie cette question de la perception du bruit.

Motif d’espoir
Le samedi en fin de journée, la présidente des "Fondus de l’Ubaye", club cycliste organisant une course ce jour-là, est venue nous féliciter de la bonne entente motards – cyclistes lors de cette compétition. Eh oui, le partage de la route, cela fonctionne !

Alors, restons mobilisés ! Comme a dit un couple de motards à la fin du relai, : "sans la FFMC, ils vont interdire les cols aux motos !".

Remerciements à la municipalité de Jausiers pour son soutien et pour la logistique.

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