Essai

En images

La RSV4 est-elle toujours à la hauteur de sa sulfureuse réputation ? Toute pistarde qu’elle soit - en atteste le kit performance avec ailerons latéraux récemment présenté à Milan - l’italienne doit, comme n’importe quel utilitaire, se conformer aux normes Euro 4. Une gageure pour Aprilia qui n’entendait pas, au passage, amputer sa sportive du moindre de ses chevaux.

Ultra Techno
Les ingénieurs ont donc concentré toute leur attention sur le fameux V4 de 1000 cm3, toujours calé à 65°, afin de le rendre conforme à Euro 4 sans l’affadir. La recette intègre de nouvelles bielles, des pistons allégés et de nouveaux ressorts de soupapes. L’admission d’air à hauteur variable de l’ancien modèle a été abandonnée au profit de cornets fixes. Le bloc développe 201 chevaux à 13000 tr/min. L’ECU et les 3 cartographies (Road, Sport & Race) ont, elle aussi, été optimisées pour prendre en compte l’ABS sur l’angle et les contrôles de traction et de wheeling.

RR ou RF
La partie cycle n’évolue que très légèrement avec des disques de frein de plus fort diamètre et des étriers monobloc Brembo M50. La version RF de distingue par ses jantes forgées, la nouvelle fourche Öhlins « NIX » et un amortisseur arrière TTX… le tout réglable à la main… La version RR, sur laquelle nous commençons notre essai, est équipée de suspensions Sachs entièrement réglables.

Conçue pour la piste
Choisir une RSV4, c’est opter pour une machine pensée pour la compétition. Les points d’ancrage du moteur, dans son cadre en alu brossé, peuvent être modifiés, la boite à cassette extractible permet de faire évoluer les rapports et la nouvelle électronique embarquée offre le maximum de paramètres réglables. Les suspensions ne sont, par contre, pas pilotées, Aprilia estimant que cela ne permettra jamais d’avancer plus vite. Un point qui se vérifie chez les très bons pilotes.

Exclusive
Une moto de ce type ne s’offre pas au premier venu. Elle demande, pour commencer, un certain gabarit (1,75 m minimum pour espérer poser les deux pieds au sol) mais aussi un certain niveau pour la mettre en contrainte sur circuit. Sur un faux rythme, tel celui destiné à la découverte d’un nouveau tracé, la RSV4 semble être un « bout de bois »… Une fois en main et menée au bon tempo (entendez à fond), le millésime 2017 reste fidèle à la réputation du modèle : précis à la mise sur l’angle, vif dans ses accélérations, bestiale sur ses freinages. Au guidon de la RSV4, on freine toujours trop tôt. Et en cas d’excès de confiance, les nouvelles assistances peuvent encore vous sauver la mise.

Trou en seconde
Côté moteur, dès la sortie du paddock, on perçoit une sonorité moindre. Les carters sont désormais enserrés dans des protections en plastique pour l’isolation phonique. L’échappement à lui aussi été revu, norme Euro 4 oblige. Il faudra rapidement le changer pour rester dans la course. Aprilia a en effet équipé sa moto d’une valve à l’échappement qui se ferme uniquement, sur le second rapport jusqu’à 5500 tr/min. Un choix assez peu perceptible sur la majorité du tracé, mais qui pénalise le pilote dans les épingles (Adélaïde) et les virages serrés (châteaux d’eau). Le pilote doit alors passer la première pour éliminer ce trou qui vous scotchera à votre place si vous tentez de faire l’extérieur à un modèle 2016 par exemple.

Une seconde au tour
Ce souci mis à part (et réglé par l’achat d’une ligne non homologuée), le V4 de l’Aprilia reste un monument de plaisir : le passage des rapports est d’une précision chirurgicale. Le nouveau shifter fonctionne désormais en descente (sans couper les gaz) et permet de grappiller des millisecondes. Aprilia annonce que ce nouveau modèle permet de gagner une seconde au tour par rapport au précédent. Une fois ce souci de valve réglé, elle restera sans aucun doute l’une des motos les plus agréables à piloter du paddock, et encore l’une des plus remarquées face aux Japonaises.

Verdict
Alors, faut-il passer à la version euro 4 si on a déjà une euro 3 ? Si vous roulez principalement sur route, non. Si vous faites exclusivement de la piste, oui. Vous pourrez alors ajouter l’échappement Akrapovic et profiter d’innovations devenues indispensables pour aligner des chronos tel le shifter up and down et le cornering ABS… Évidemment vous pourriez aussi choisir une toute nouvelle Japonaise, comme la Suzuki GSX-R ou la Honda CBR, et personne ne pourrait raisonnablement vous le reprocher… Mais vous ne seriez plus au guidon d’un V4, et c’est bien là tout l’intérêt de cette belle italienne.

Photos : Karl Glieber (action) et Caribou (détails)

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Fiche technique

Aprilia RSV4 1000 RR Euro 4 (données constructeur)
Moteur
Type : 4-cylindres en V à 65° refroidi par eau, 4T, 2 ACT, 4 soupapes par cylindre
Cylindrée (al. x cse) : 999,6 cm3 (83 x 60 mm)
Puissance maxi : 201 ch à 13.000 tr/min
Couple maxi : 11,73 m.kg à 10.500 tr/min
Alimentation/dépollution : Injection/Euro 4
Partie-cycle
Transmission : 6 rapports, chaîne
Frein av. : 2 disques 330 mm (4 opp.)
Frein ar. : 1 disque 220 mm (2 opp.)
Réservoir : 18,5 litres (4)
Poids à sec : 180 kg
Hauteur de selle : 847 mm
Pratique
Coloris : noir et rouge / gris et rouge
Garantie : 2 ans pièces et M.O
Disponibilité : mai 2015
Prix de vente :
. RF : 20.999 €
. RR : 17.499 €

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