Donc, direction St-Nazaire-en-Royans par la N 532, puis St-Jean-en-Royans via la D 76. Étape nocturne en chambre d’hôtes chez Caroline Crayton, dont la cuisine vaut le détour ! Elle prépare les ravioles du Royans (petites pâtes fraîches aux herbes et au fromage de chèvre) en gratin, mais nous préférons les agrémenter d’un simple filet d’huile d’olive et de quelques brins d’emmental râpé… Délicieux !

Plein les yeux
Le lendemain, les hostilités débutent dès le lever du soleil. Le motocycliste se met en branle en accédant au col de la Machine (1 011 m) par Saint-Martin-le-Colonel (D 131). Après une vingtaine de kilomètres d’une route étroite serpentant en forêt, il redescend vers le site de Combe-Laval (D 76) et s’arrête pour admirer cette immense boutonnière en calcaire longue de 4 km. Des falaises vertigineuses encadrent une forêt dense et peu habitée. Magnifique écrin que celui qu’offre le Vercors à la nature ! La petite route longeant Combe-Laval, le long de la falaise escarpée, s’appréhende avec respect.
Sur environ 10 km, l’humide se mêle au caillouteux à la sortie des tunnels creusés dans la roche, et risque de piéger le conducteur distrait par un paysage fabuleux. Les courbes sont étroites : deux motos ne peuvent se croiser. Allez, pour en prendre plein les yeux, on la refait dans l’autre sens, en remontant ! Et l’on oblique en direction du col de la Bataille (D 199), atteint une demi-heure plus tard, non sans avoir profité, sur le plateau, des successions de forêts et pâturages plus tendres que les déclivités calcaires. Ces vertes étendues herbeuses furent le théâtre de combats entre résistants cachés dans le maquis montagnard et parachutistes allemands, qui ont méthodiquement rayé chaque hameau de la carte durant l’année 1944.

L’étape à ne pas manquer
Hors de portée des bombardements, l’abbaye cistercienne de Léoncel (D 199), édifiée au milieu du plateau, est une halte incontournable sur le chemin du Diois.
Après un arrêt dans les rafraîchissantes gorges d’Omblèze, accessibles par une route à sens unique (détour d’une vingtaine de kilomètres), on rallie la ville au sud du Vercors, Die (donc…), par Beaufort-sur-Gervanne, puis un charmant serpentin goudronné vers St-Julien-en-Quint pendant une demi-heure (D 172 et D 129). À Die, on fait le plein d’essence si besoin, voire à titre préventif, car les stations ne sont pas nombreuses dans cette région où la densité d’habitants avoisine le zéro au kilomètre carré.
Ensuite, pause pour s’hydrater et chausser sa combinaison de sport avant de s’attaquer à la plus belle grimpette des environs : la D 518, menant au col de Rousset (1 254 m). 27 kilomètres de billard sans graviers, mille virages (si, si !) et peu de voitures… L’instant rêvé pour l’arsouille d’après-midi, tandis que les gommes sont chaudes à souhait. Les courbes se révèlent techniques, mais faciles à lire. Que du plaisir !

Après ce plein de sensations nous gravitons vers Piégros-la-Clastre, au carrefour du Vercors, du Diois et de la Drôme provençale. Le village est rejoint en une heure de grosse départementale (D 93). Daniel Gobance fait goûter au motocycliste, repu de virolos mais affamé, son repas cuisiné à la Clairette, vin mousseux fruité, spécialité de Die.

Vers la Provence
Au matin, l’ami motard descend vers la Drôme provençale en empruntant la D 538 en direction de Bourdeaux.
Il s’accorde un détour d’une vingtaine de kilomètres en obliquant vers Saoû, sur la D 136, afin de pénétrer au cœur du synclinal perché éponyme. Kesako ? Une dent creuse de calcaire de 400 mètres de haut. Elle entoure une forêt s’épanouissant sur des sédiments marins déposés là durant la première moitié du Crétacé supérieur, soit 80 millions d’années avant notre ère. Paysage mystique à la Brocéliande perdu entre les Alpes et la Provence. Étonnant et rafraîchissant, car le soleil commence à frapper fort.
Nous quittons la D 538, après Bourdeaux, pour obliquer par la D 70 vers le col la Sausse (791 m), puis vers St-Ferréol-Trente-Pas. Une demi-heure de petite route, en compagnie des falaises. C’est le Grand Canyon !
Sudistes, sentez les odeurs : le paysage change, vignes et champs de lavande abrités par la rocaille s’inscrivent dans la visière. Le col d’Ey (718 m) offre un panorama imprenable sur le mont Ventoux et sur la vallée agricole de l’Ennuye. Halte à Buis-les-Baronnies dans le « ranch » de Xavier, producteur d’olives noires au pied du rocher Saint-Julien, fief des escaladeurs. On descend de moto : la ville de Buis, datant du XVe siècle, ne se visite qu’à pied.
La place du marché avec ses façades colorées classées « monument historique », vaut le détour. L’itinéraire s’achève sur le pont roman de Nyons (rallié après une demi-heure de grosse départementale), dont l’arche haute de 18 mètres date de 1409. Après cette balade de 350 km, en regagnant la vallée du Rhône vers Bollène, le motard jure qu’il reviendra poser ses roues sur les routes de la Drôme.

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