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Scootentole : des courses d’engins tôlés et gonflés

Challenge Scootentole 2010 : les scoots, ça ne sert pas seulement à vous trimballer en ville au milieu des pots d’échappement. Les lascars du Challenge Scootentole lui ont trouvé une occupation beaucoup plus… débridée. Sur la piste de kart de Magny-Cours, ça fume bleu et ça sent bon. Normal, ces bidets à roulettes pètent le feu !

Un peu plus loin, Germain, un type qui arrive de Charente et qui s’affaire à changer un joint spi d’amortisseur arrière, est seul lui aussi. Son Vespa à petite coque (modèle PK de 83 ?!) est magnifique. « Je suis un motard de tous les jours, avec un Kawa ER-6n, mais depuis que la passion de la guêpe m’a piqué, je passe tout mon temps libre dans l’atelier à préparer mon scoot. Paradoxalement, c’est le scooter qui me passionne et la moto qui est utilitaire. » Un autre concurrent viendra l’aider à réparer sa suspension arrière…

Une course venue du Web
« Le Challenge Scootentole est né d’un forum sur Internet, nous explique Jean-Luc, l’un des organisateurs. Il répond à un désir d’amateurs de vieux scooters de faire de la compétition sur circuit, avec le maximum de sécurité. Pratiquement tous les propriétaires d’anciens Vespa et Lambretta aiment mettre les mains dans le cambouis et, à force, on modifie des choses, on élabore telle ou telle autre pièce… Par la suite, comme le ferait un enfant, il est presque logique d’aller comparer son jouet aux autres ! ».

À la lecture des règlements, nul besoin d’être journaliste spécialisé pour comprendre que tout, ou presque, est permis ici. Il y a bien quatre catégories - initiation, C2, C3 et C4 - , comme on vous l’explique dans notre article Comment ça marche, combien ça coûte ?, mais bon nombre d’alinéas restent « ouverts » à l’appréciation des concurrents. On est très loin des règlements contraignants de la FFM ou même de l’Ufolep. « Tout le monde joue le jeu et c’est le fair-play qui l’emporte, tant en termes de règlement qu’en piste », souligne Grégoire, un Parisien que tout le monde ici surnomme « Manhattan », son pseudo sur le forum.

Et c’est Geppetto, le Sicilien de Seine-et-Marne, qui résume l’état d’esprit de ce Challenge : « Ici, ce qui importe, c’est de se retrouver, de partager et échanger autour d’une passion commune. Tu vois, il y a des Suisses, des Allemands, des Basques, des Bretons… La seule chose que l’on gagne, c’est ce qui reste de ce partage et certainement pas la coupe. D’ailleurs, on s’en fout de la coupe, même si, après tout, j’aimerais bien en gagner une un jour. » Cet homme qui travaille dans les ateliers d’Air France aime partager ces journées avec les Picards « Nevski » et sa femme, Aurélie, « Asphalt Jungle » du 51 et « Pandora 77 ». Ensemble, ils forment un groupe vraiment pas triste et surtout bon vivant.

Des courses pas si bon enfant…
Lorsque, sur la ligne de départ, le feu passe au vert pour la catégorie C3 (petites coques et maxi préparation !), on est surpris par le spectacle. Les styles de pilotage sont hétérogènes, voire singuliers, mais devant, ça va vite, très vite même. Les Allemands Mike et Mickael, par exemple, sont très rapides et possèdent un style de pilotage qui n’a rien à envier aux cadors des courses moto. Genou à terre, sortie de virage en dérive, freinages limite… Ils profitent certainement d’un championnat allemand bien fourni en épreuves et plus relevé que le jeune (trois ans) Challenge Scootentole.

Mais des Français comme « Rasta » Lucien Jules ou Xavier Labarère ne sont pas en reste. Ce qui frappe le plus, lorsqu’on évolue avec des motos équipées de jantes de 10 pouces, c’est la dextérité avec laquelle ces pilotes négocient les virages. Avec de petits pneus, c’est un pilotage tout en finesse où il faut jongler entre garde au sol et trajectoire tirée au cordeau. C’est une véritable école d’apprentissage pour exploiter toute la piste. Mais il n’y a pas que les petites jantes : la maîtrise de la sélection des vitesses au guidon (levier gauche) est aussi tout un art qui n’est pas donné à tout le monde !

Ici, sur le circuit karting de Magny-Cours, un vrai tourniquet, la catégorie C3 « petites coques » est la plus rapide, « tout simplement parce que leur garde au sol est plus importante. Le système de sélection est en effet sous le moteur, contrairement à celui des Vespa GT à grosse coque qui est très exposé », nous explique Sylvain, le patron italo-basque du magasin Authentik à Anglettes. Ce type, complètement passionné par la course de vieux scooters et qui engage des équipes dans des courses d’endurance en Espagne, est du style Speedy Gonzales. Lors des essais chronométrés, il s’est foulé le pouce de la main gauche, ce qui va lui coûter un repos forcé qui ne l’enchante pas trop !

Des gamelles à 60 km/h maxi
Autre caractéristique de ce Challenge Scootentole, les gamelles. Elles sont nombreuses, surtout lors des premiers tours de circuit, et sans conséquence pour les pilotes à cause de la vitesse réduite et des machines bien enveloppées. Toutes les combines de cuir sont par ailleurs bien abîmées… « Il n’existe pas de couvertures chauffantes pour des pneus de 10 pouces », explique Antoine, le président de Scootentole, « mais c’est peut-être mieux ainsi ! »

Plus tard, il y aura une parade de vieux scooters, ceux du Vespa Club de Fourchambault, le lieu même où Piaggio avait décidé, dans les années 50/60, de construire des Vespa ACMA en France. Ce club, entièrement dédié aux scooters italiens d’après-guerre, est aussi vivant que l’histoire elle-même. Du plus âgé, Robert (78 ans), au plus jeune, Axel (23 ans), point de fossé : la dolce vita (« la vie est belle ») est de mise chez l’un comme l’autre !

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