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Accidents moto : attitudes face au risque Conférence Inrets 2-roues : 150 invités Futur permis : vers des risques réduits Michèle Merli promet le dialogue

Niveau zéro d’information

Le constat frappe d’emblée, il était temps ! Alors que la motocyclette existe depuis plus de cent ans, les études sur les motocyclistes partaient d’un étonnant niveau zéro en France… Hélas, les préjugés ont encore la vie dure. Ainsi, une étude comparative sur les attitudes face au risque, menée par Aurélie Banet, classe les motards en trois catégories : les bikers, les sportifs et les utilitaristes.

« Quid de la plupart des motocyclistes, usagers par plaisir, qui ne se reconnaissent dans aucune des trois cases », s’interrogeait Éric Thiollier, délégué général de la FFMC. Les chercheurs ont tendance à considérer les motocyclistes comme un groupe, alors qu’il est de plus en plus évident qu’ils ne sont qu’une somme d’individualités.

Manque de connaissances

Autre regret, le manque de connaissances sur les catégories de véhicules : nombre d’études prennent en compte les 50 cm3 d’un côté, les 125 cm3 et plus de l’autre. « Il manque une distinction entre conducteurs de 125 et de grosses cylindrées, mais aussi entre motards et scootéristes », s’exclamait Joël Valmain, monsieur sécurité routière à la Communauté européenne.

Débat sur la vitesse

Ces imprécisions laissent la place à des interprétations orientées des données statistiques. Un boulevard dans lequel n’hésite pas à s’engager Jean Chapelon, secrétaire général de l’Observatoire interministériel de la sécurité routière (ONISR) : « Il existe un sur-risque spécifique à la moto en France. La raison ? Les très grands excès de vitesse sont plus nombreux en moto qu’en voiture. » Dommage que ce représentant du gouvernement se laisse encore déborder par des préjugés…

« Les délinquants représentent 5% des usagers de la route, arrêtons d’en parler et abordons les 95% », lui répond Pierre Van Elslande, directeur du département Mécanisme des accidents à l’Inrets, à l’initiative de cette conférence. « Les motocyclistes sont plutôt victimes de la cécité attentionnelle des automobilistes : quand on ne s’attend pas à voir un objet, on a moins tendance à le détecter. »

M. Van Elslande a ainsi contribué à élever considérablement le débat. « Les motards ne sont pas plus impliqués que les autres dans les accidents, mais ils sont beaucoup plus vulnérables », résumait Rune Elvik, responsable de l’unité Sécurité à l’Institut norvégien de l’économie des transports.

Longues recherches…

Il est plutôt rassurant d’observer que les chercheurs s’intéressent à la sécurité des motocyclistes, pourvu qu’ils le fassent suffisamment rapidement. « Faire passer une loi dans l’Union européenne nécessite 5 à 6 ans , expliquait Joël Valmain. Nous avons besoin de modules de recherche simples et adaptés à ce laps de temps. » Les recherches ont en effet tendance à s’étirer sur une dizaine d’années…

Le mérite de ces travaux réside en leur apport d’une légitimité à certaines revendications de la FFMC. « Il est nécessaire de sensibiliser les automobilistes à la présence des 2RM dans toutes les situations de conduite », expliquait à l’issue de son exposé Isabelle Ragot, auteur d’une très intéressante étude comparant les comportements des motocyclistes et des automobilistes.

Attribuons ainsi la conclusion symbolique de ces deux jours de débats à une autre femme pratiquant la moto. « La formation est la priorité numéro un », affirmait Aline Delhaye, secrétaire générale de la Fédération européenne des associations de motards (Fema). « C’est vrai pour les motocyclistes mais aussi pour les experts en moto. »

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