L’invention de Guy Dericquebourg pourrait faire aisément passer ce passionné pour un doux rêveur. Il n’en est rien. L’homme est à l’origine du MRS 1000, le seul simulateur au monde qui invite à se mettre en selle sur une vraie moto, en l’occurrence un GSX-R 1000 parfaitement fonctionnel, et non sur une « maquette privée de son train avant ». Tout l’intérêt du dispositif serait de reproduire avec un réalisme absolu le lien qui existe entre le mouvement du pilote en selle et le comportement dynamique de la moto. « La vitesse tout en préservant son permis et sans se casser les os » résume-t-il.

L’idée lui est venue comme ça, en août 2012 sur le quai d’une gare parisienne à la descente d’un TGV ! Guy, docteur en automatisme et ingénieur mécanicien, a mis ses compétences au service de sa passion. Une aventure dans laquelle il a embarqué toute sa petite famille. Outre l’implication à ses côtés d’Anne, son épouse, l’homme peut compter sur la participation de son fils, Éric, au commercial, et de sa fille, Valérie, au marketing. Car le MRS 1000, loin du joujou de passionné, est un vrai projet entrepreneurial.

Rouler différemment, très différemment
Si Guy a longtemps arpenté, dans les années 80, les routes en duo et en Kawa Z750 (L3), il a décidé aujourd’hui de rouler différemment, très différemment…
La politique de répression grandissante et le risque d’accident l’ont convaincu de trouver un moyen plus sécurisant d’assouvir sa passion de la vitesse au guidon de sa Suzuki GSX-R 1000 (lire ici l’essai du modèle 2019). L’ingénieur s’est alors trituré les méninges pour trouver un moyen de mettre son propre Gex sur un simulateur en s’appuyant sur ses compétences en mécanique et en automatisme. L’électronique et l’informatique sont aussi de la partie notamment pour assurer la liaison et la communication entre la moto et le logiciel chargé de transmettre les réactions du pilote. Devant ses yeux défile un circuit sur un écran de 4 mètres sur 3.
Toute l’originalité de la démarche d’Inosime (INnovation, SIMulators & Mecanisms), sa société, est d’avoir mis une vraie moto de série au cœur de son projet, là où la majorité des simulateurs reposent sur machines sans train avant. Le MRS 1000 est également susceptible, avec une préparation préalable, d’accueillir n’importe quelle moto de série sur ses rouleaux.

Tenue de moto de rigueur
Dans le garage de la maison, Guy enfourche sa Suz’ équipée de son casque et de son cuir. Démarrage - un système d’extraction évacue les gaz d’échappement du local (boules Quies obligatoires) - le GSX-R tient seul sur la plateforme du simulateur. Les deux roues de la moto reposent sur des rouleaux qui assurent la liaison au sol. Soutenue par des vérins, la Suzuki peut s’incliner jusqu’à 50°. À l’ouverture des gaz, roues avant et arrière se mettent en mouvement comme si vous étiez réellement sur la route.

Difficiles dépôt de brevets
Après avoir finalisé son projet d’un point de vue technique, notre « Géo Trouvetou », s’est confronté aux aspects juridiques pour protéger son invention. Loin d’un long fleuve tranquille... Six années s’écouleront entre le dépôt de brevets en France et en Europe et leur obtention. Guy a renoncé à déposer un brevet au niveau mondial après s’être heurté au pointilleux système étasunien.

Modélisation de circuits
Pour la réalisation de son prototype, Guy s’est inspiré des circuits de Croix-en-Ternois, du Mans et de Magny-Cours dont il a modélisé le tracé pour le faire défiler devant les yeux du motard sur un écran géant.
Le regard émerveillé des utilisateurs de sa drôle de machine, essentiellement venus des Hauts-de-France, l’incite à croire qu’il a fait du bon boulot. Il travaille désormais sur la modélisation d’une route ouverte de 10 km.

La location pour commencer
Si Inosime propose aujourd’hui de louer, pour 15 ou 30 minutes (respectivement 45 et 85 €), le seul modèle existant de son prototype, Guy ambitionne à terme de pouvoir le commercialiser à plus grande échelle. « Cela pourrait intéresser un groupement d’auto-écoles ou de concessionnaires, des croisiéristes, des hôtels, des centres commerciaux ou encore des parcs d’attractions » croit-il. Il imagine sans mal par exemple son MRS au sein du pôle moto de Seclin ou au Futuroscope . « Des petites écuries pourraient aussi vouloir faire travailler leurs pilotes sur ma machine » dit-il.

Pour l’heure la machine est en location et constitue un bon moyen de s’essayer à la moto, pour valider son envie de passer le permis par exemple, et au circuit en toute sécurité. Guy, dont la machine n’impose pas d’être titulaire du permis de conduire, pense pouvoir toucher un public beaucoup plus large que celui des seuls permis A.

Et, si vous envisagez d’aller lui rendre visite, sachez que les petites routes qui mènent à Bethonsart sont super sympas.

Contact : inosime.com

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