Comparatifs

Optique triangulaire, (fausses) prises d’air frontales, coloris bleu et blanc, ça sent la « Gex » version 2005. Passé le (bon) effet de surprise, la réalité nous rattrape toutefois rapidement. Ainsi la petite nouvelle partage-t-elle plus de 90 % de ses pièces avec sa voisine de chaîne, la Bandit. Mais qu’importe, les changements (carénage, tableau de bord, selle, guidon) font leur petit effet et tout le monde apprécie à sa juste valeur sa plastique de bon aloi et son côté « p’tite bécane de sport ». Bravo, Suz’ !

Garée non loin de là, la « nouvelle » Honda CBF 600 S déchaîne moins les passions. La ligne passe-partout, banale et trop proche du précédent modèle, ne plaide pas en sa faveur. Et pourtant, elle est bien plus « nouvelle » que la GSX-F puisque seulement 30 % des pièces la constituant proviennent de l’ancien modèle. Seulement voilà : ces 30 % sont pour l’essentiel des éléments de carrosserie, CQFD.
Reste la Yamaha – mais est-il encore utile de la présenter – qui arpente nos routes depuis plus de 4 ans. Une valeur étalon néanmoins, qui elle aussi a eu droit à un petit coup de fouet rajeunissant avec cette version modernisée baptisée « S2 ».

Prise en main : Accueillantes.

Le bon côté des motos simples, c’est leur prise en main évidente. À peine posé sur les selles, on se sent déjà chez soi, et plus particulièrement sur la Honda dont l’ergonomie est franchement parfaite. Selle plate, guidon tombant « les yeux fermés » dans vos paumes de main, jambes bien casées de part et d’autre du réservoir, c’est un sans-faute. Les plus exigeants pourront – en plus – jouer avec une selle réglable en hauteur sur trois positions.

Chez Suz’, on a un peu joué la sportivité sans toutefois tomber dans la caricature. La position est commandée par un guidon au cintre presque plat et à la largeur réduite comparé à la concurrence et de fait, le buste est légèrement incliné, induisant une position sportivo-agréable, mais peu astreignante. La position de conduite de la Yam’ est un peu plus spartiate. La selle est légèrement inclinée sur l’avant et l’arrière du réservoir est trop vertical, rendant le contact au niveau du pubis parfois désagréable (au freinage surtout). Mais trêve de chipotage, en route !

Comportement – Moteur : y en a pour tous les gouts.

Les aptitudes au roulage urbain de ces trois motos sont globalement plus que correctes, mais les différences sont déjà bien marquées. Championne incontestée du « saute-bagnole », la CBF 600 ! Maniable, équilibrée et neutre de direction, la sylphide Honda se faufile avec grâce, fort bien servie par un ensemble moteur-transmission souple et feutré. Un vrai plaisir. De son côté, la Fazer pourrait prétendre au sans-faute si sa boîte de vitesses au maniement rugueux et à la sélection bruyante ne gâchait le plaisir, en ville en particulier. La Suzuki, elle, peine à mouvoir ses 242 kg et ce pour deux raisons : un diamètre de braquage bien trop important (plus de 6 mètres !) et un silencieux latéral trop large qui impose d’être vigilant lors d’un gauche-droite entre deux voitures. Quant à monter sur un trottoir pour se garer, l’opération est risquée pour le bas de carénage…
Ceci étant, les routières, c’est fait pour être sur la route ! Cap donc sur Châtillon-sur-Seine (Aube) via l’autoroute A5, où la troupe se cale sur un 140 compteur histoire de passer sous la couverture-radar et éviter l’onglée : le thermomètre affiche 0 °C.

Dans ces conditions, les qualités protectrices respectives de nos motos ne tardent pas à apparaître. Le gagnant du jour s’appelle Gilles, et sa verve à la première halte en dit long : « La Suz’ protège vraiment bien, en tassant un peu mon mètre 80, c’est tout bon ! Il n’y a que le haut de mes cuisses qui souffre un peu à cause d’un vilain courant d’air. » De plus, la GSX-F étant exempte de vibrations parasites, elle confirme son statut de routière accomplie. La Honda la talonne de près, protégeant même un peu mieux le haut du corps (avec la bulle en position haute) mais, évidemment, beaucoup moins bien les jambes ! À son crédit, on peut aussi lui ajouter une parfaite ergonomie qui recule le seuil de fatigue et la sonorité enjouée de son moteur, qui tourne d’ailleurs moins vite de 1 000 tours que les autres aux mêmes vitesses. Ces deux points positifs vous font vite oublier vos jambes momifiées par le froid. La Yamaha, derrière, pose un genou à terre. Sa protection limitée (bulle trop basse et trop verticale) associée au confort spartiate de sa selle, qui vous tanne le fondement au bout de deux heures de roulage, rend les kilomètres autoroutiers pénibles. Et c’est d’ailleurs Jérôme sur la FZ6 qui propose de sortir de l’autoroute pour une nationale au tracé nettement moins monotone.

Tactique payante (le traître avait prévu son coup…), puisqu’il s’empare du commandement dès les premières courbes de la N71. Grâce une partie-cycle vive et équilibrée ainsi qu’à des suspensions correctes, la Fazer mène la vie dure aux deux autres ; et que dire des relances… Avec 98 ch tapis sous la poignée droite, elle « oublie » les copines de roulage passé les 8 000 tr/min ! Miss Yam’, au chapitre « sport », marque de gros points, au même titre, d’ailleurs que la Honda (qui l’eut cru ?) ; à voir cette dernière virevolter sur les départementales, on apprécie pleinement le bien-fondé de cette injection d’ADN d’Hornet. Son comportement rigoureux tranche radicalement avec son style discret-chic et les futurs propriétaires devraient bien se marrer quand ils « passeront » sur départementale un échappé de paddock sur son hypersport Replica, empêtré dans ses réglages de suspension… Cette CBF prône l’homogénéité, la quadrature poids-centre de gravité-empattement-angle de colonne est parfaite, mais son moteur manque cruellement de coffre sous les 6 000 tours… et de chevaux passé les 10 000 tours ! Il faut donc rester entre ces deux zones pour jouir d’un moteur plein (mais peu démonstratif).

Quant à la Suzuki, ses prestations dynamiques sont au niveau des deux autres mais uniquement sur revêtement bien lisse. La GSX-F souffre de suspensions beaucoup trop sèches (la rançon d’une tenue de route correcte) qui désunissent la belle aux premières déformations de la chaussée. Le problème semble venir principalement de la fourche avant au tarage hydraulique un poil ferme qui la fait « sauter » au moindre choc (trou, bosse) sur la route. Un changement d’huile de fourche devrait arranger tout ça et permettre de mieux profiter d’un bloc super-souple, bien rempli dans le deuxième tiers du compte-tours (de 4 000 à 9 000 tours) et secondé par une boîte de vitesses sans histoire.

Pour conclure, un point sur le freinage où la Honda fait étalage des qualités du duo CBS-ABS en conditions hivernales. L’association du freinage couplé avant-arrière au pied et de l’ABS est un plus incontestable qui relègue loin derrière le freinage « classique ». Sécurité, contrôle de la trajectoire en entrée de courbe, stabilité des freinages dans l’axe, le couplage des freins (brevet Moto Guzzi, ne l’oublions pas…) devrait être obligatoire ! Difficile de rivaliser côté Yamaha et Suzuki malgré des prestations d’ensemble correctes (ABS discret pour la Yam’ et feeling-puissance pour la Suz’).

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Verdict

Le meilleur rapport prix/prestations revient sans peine à la Honda CBF 600 F qui, pour 6 990 euros, offre une partie-cycle et un moteur dernier cri, des éléments de confort réglables (selle, bulle), l’ABS-CBS, une béquille centrale de série et une ligne d’échappement tout inox (beau, le son…). Derrière, et au même prix, la FZ6 Fazer propose 20 ch de plus et un tempérament plus débridé au prix d’un confort et d’une polyvalence en retrait (logement sous la selle, duo, etc.). Quant à la « Gex », pardon, la GSX-F, son petit côté « basket-survêtement », ses prestations dynamiques honorables et son tarif serré de 6 490 euros ont tôt fait de rallier les suffrages des protagonistes de cet essai et ce, malgré un équipement limité (ABS et béquille centrale aux abonnés absents). Passion, quand tu nous tiens !

Avec la participation de Jérôme Laval et Gilles Larue.

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