Estimez-vous qu’un contrôle technique favoriserait réellement la sécurité des 2 roues en circulation ?
L’amélioration peut être significative pour une catégorie telle les 50 cc, mais aussi pour les véhicules urbains, en particulier les scooters. La moitié des immatriculations européennes de deux-roues concerne des scooters. Leurs propriétaires sont moins passionnés par le produit mais l’utilisent de manière intensive. Ils ne se préoccupent guère de l’entretien en marge du cycle des révisions. Pour les utilisateurs de motos, le CT représente une garantie supplémentaire de sécurité.

La sécurité est-elle l’unique motif de votre prise de position ?
Non, l’aspect environnemental est également à prendre en compte. Nous discutons actuellement avec l’UE de l’évolution des normes antipollution des 2RM, qui devraient rejoindre celles de l’automobile en 2015. Un contrôle technique périodique permettrait de vérifier le taux d’émissions polluantes par machine durant son cycle de vie, et non seulement à l’achat du véhicule neuf.

Sur le problème de l’environnement, instaurer un contrôle technique n’est-il pas une manière pour les constructeurs de se défausser sur les utilisateurs ?
C’est un point de vue. Le contrôle technique a été mis en place pour tous les autres véhicules, on voit mal comment le 2 roues pourrait échapper à une mesure qui permet de contrôler les niveaux d’émissions durant la vie du produit. C’est une évolution "naturelle" de la législation environnementale, qui prévoira une durabilité minimum des niveaux d’émission. Le maintient de ces caractéristiques est assuré à la fois par la conception (responsabilité du constructeur) et l’entretien (responsabilité de l’utilisateur). Les informations récupérées dans les pays de l’Union qui appliquent un contrôle technique moto (Italie, Espagne, Suède…) nous permettent d’observer qu’il n’y a pas eu d’impact négatif sur les ventes.

Serait-il envisageable d’intégrer le contrôle technique au cycle des révisions prévu sur tout véhicule neuf ?
L’ACEM y est favorable mais ce n’est pas possible dans des pays comme la France, où l’on ne peut être juge et parti. En Italie, c’est le cas : un contrôle périodique est obligatoire pour les cyclomoteurs et les motocyclettes… Les concessionnaires peuvent être accrédités pour réaliser l’opération.

En France, on évoque que les pouvoirs publics envisageraient d’échanger la loi "100 chevaux" contre le contrôle technique moto. Qu’en pensez-vous ?
Il s’agit d’un marchandage de bas niveau. Le règlement limitant la puissance des motocyclettes à 100 chevaux n’a eu absolument aucune incidence sur la sécurité routière. C’est une contrainte inutile qui n’a aucune raison de faire l’objet d’un "échange" avec le CT moto.

Quelle périodicité et quel coût préconisez-vous pour le contrôle technique 2RM ?
Nous ne préconisons pas ce type de donnée, qui reste à l’appréciation des états membres. Dans les pays l’appliquant déjà, on a généralement instauré un contrôle tous les 2 ans après 3 ou 4 ans de vie du véhicule. L’opération n’excède pas 50 euros.

Avez-vous conscience qu’une telle position risque de braquer les usagers contre les constructeurs ?
Je comprends les usagers organisés autour de la fédération européenne FEMA. Nous estimons qu’il existe deux catégories d’usagers en deux-roues distinctes. Il est tout à l’honneur des motocyclistes d’entretenir passionnément leur machine. Cependant, la moitié des propriétaires de 2RM est désormais composée de scootéristes, qui attachent moins d’importance à leur véhicule que leurs homologues motocyclistes.

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