Camouflage ? Le ministère de l’Intérieur n’a pas tardé à réagir, estimant à 200 000 ces gardes à vue pour délits routiers, et affirmant qu’elles n’étaient pas oubliées ou camouflées. « Il n’y a pas de volonté de masquer les chiffres », affirme Gérard Gachet, porte parole du ministère de l’Intérieur à France Info. « Nous dévoilons chaque année les statistiques de la sécurité routière. » Vrai, mais ces stats ne contiennent que le nombre d’accidents, celui des tués et des blessés sur les routes françaises.

Un journaliste perspicace pourra connaître le nombre de points retirés sur les permis de conduire, ainsi que le nombre de flashes émis par les radars automatiques. Mais il devra pour cela faire le siège du service de presse du ministère de l’Intérieur.
D’expérience, il faut renouveler sa demande plusieurs fois avant d’obtenir une réponse, qui arrive plus vite si l’on est un grand média télévisé qu’un humble journal de la presse écrite de loisirs. Et, en aucun cas, le nombre de gardés à vue pour délits routiers ne figure dans le catalogue des statistiques disponibles…

Sanction disproportionnée. Cet oubli pose problème, car il révèle un malaise lié à la disproportion entre la faute commise et la lourdeur de la peine. « On est passé de 300.000 gardes à vue en 2001 en France, à 900.000 aujourd’hui, constate Matthieu Aron. On utilise ce recours pour de tous petits délits. C’est devenu la première peine dans le système français. » Or, une garde à vue reste traumatisante. En témoignent plusieurs ouvrages, dont « La France Sans Permis » du journaliste Airy Routier (éditions Albin Michel).

« Les policiers y ont recours pour des conducteurs en état d’ébriété ou présentant un défaut de permis, minimise Gérard Gachet. Il n’y a pas de dérive. » Pourtant, on sait que certains conducteurs se sont retrouvés menottes aux poignets alors qu’ils n’avaient même pas connaissance du solde de points sur leur permis. On comprend leur colère. Une colère sourde, que le gouvernement ne voudrait surtout pas voir éclater à la veille des élections régionales.

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