Essai

Cette nouvelle machine est née d’une étrange association. Nous la devons au groupe chinois Shineray qui a racheté à la fois la marque transalpine SWM, en 2015, mais aussi les plans des Husqvarna de l’époque italienne. Le suédois Husqvarna, venu à la moto en 1903, a en effet été acquis par les Italiens, puis repris brièvement par les Allemands de BMW en 2007 avant de tomber dans le giron de l’autrichien KTM, qui a développé les modèles de route actuels... Vous suivez toujours ?

Une voyageuse sortie de la cuisse d’un supermotard
Les investisseurs chinois ne se sont cependant pas contentés de rebadger une ancienne moto. Après avoir travaillé sur l’injection de l’impressionnant monocylindre de 600 cm3 pour lui faire passer la norme Euro 4, les ingénieurs se sont mis en tête de transformer ce qui n’était qu’un supermotard ou un trail basique en une petite voyageuse. Une brillante idée, d’autant plus que ce type d’engin bon à tout faire, et encore accessible économiquement, manque cruellement sur le marché.

Un félin dans la jungle urbaine
C’est sur le modèle Superdual « T » pour Touring que commence notre semaine de vadrouille ensoleillée en région parisienne. Avec ses lignes tendues, ses renforts saillants en cas de chute, son petit saute-vent, son sabot alu et, surtout, sa légèreté, elle semble parfaite pour dompter la jungle urbaine. Encore faut-il être capable de grimper sur la bestiole ! Si la selle se montre presque aussi étroite que sur une enduro de la marque, elle culmine tout de même à 890 mm. Une fois perché, on a au moins l’avantage de pouvoir déplier les jambes jusqu’aux repose-pieds... Ceux qui mesurent moins de 1,70 mètre passeront leur chemin au profit, par exemple, d’une Royal Enfield Himalayan.

L’aisance d’une 125, le couple d’un 600
Les grands apprécieront le large guidon typé enduro et placé bien en avant. Parfait pour maîtriser cette machine qui se révèle assez joueuse. Étroite, une fois délestée de ces valises, la Superdual ne pèse « que » 190 kilos et se faufile en ville telle une 125, le couple du mono 600 cm3 en plus ! Seul son rayon de braquage imposant handicapera les plus pressés dans les embouteillages. Une fois sortis de la banlieue, où sa jante de 19 pouces avale aisément les aspérités de l’asphalte abîmé, nous voici prêts à négocier les petits virages de la vallée de Chevreuse, dans les Yvelines, pour confirmer la bonne tenue de ses suspensions.

Un vrai trail
Souples sur les premiers centimètres d’enfoncement, les suspensions ne souffrent pas trop de l’effet de bascule lors des freinages ou des changements de rapport. Réglables en tout sens à l’avant et en précharge à l’arrière, via une grosse molette accessible, ses suspensions permettent d’ajuster correctement l’ensemble en fonction de sa charge : indispensable pour une voyageuse ! Dans les chemins, la Superdual T se montre également à l’aise, même si la version X dotée de jantes de 21 pouces et d’un pneu arrière plus fin sera évidemment plus recommandable pour cet usage. Son freinage, avec un simple disque à l’avant au feeling progressif et un ABS déconnectable à l’arrière, est parfaitement adapté au TT.

20 ans d’âge
Et ce gros monocylindre, conçu il y a bientôt plus de 20 ans, est-il toujours dans le coup ? Suffisamment coupleux (5,5 m.kg à 6 000 tr/min), il enroule grassement sans hoqueter au-dessus des 3 000 tr/min. Entre 80 et 90 km/h, il se montre tonique dans ses relances et tremble encore assez peu. Croiser sur le sixième rapport à 130 km/h autour des 5 500 tr/min n’est pas non plus une contrainte, même si des vibrations dans le guidon et les repose-pieds vous donneront vite envie de redescendre à 110 km/h. Son injection, en revanche, manque cruellement de précision et cela se ressent à chaque remise des gaz. La sanction tombe aussi à la pompe, avec une consommation moyenne de 6,5 litres aux 100 km.

Le verdict
Depuis l’abandon de la Yamaha 660 Ténéré (lire ici la saga de la légendaire XT), le secteur des gros monos est seulement occupé pas la performante Husqvarna 701 Enduro. Plus rustique, mais bien mieux équipée d’origine pour voyager, cette SWM s’impose donc comme une excellente alternative économique pour les voyageurs en quête d’une monture légère et équilibrée. Vendue 8 690 € avec les valises, et disponible en 48 chevaux, elle pourra même satisfaire les aventuriers débutants, pourvu qu’ils soient assez grands !

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Fiche technique

SWM Superdual 650 T (données constructeur)
Moteur
- Type : monocylindre à refroidissement liquide ; 4 T, 2 ACT, 4 soupapes par cylindre
- Cylindrée (al. x cse) : 600 cm3 (100 x 76,4 mm)
- Puissance maxi : 55 ch (40 kW) à 7 500 tr/min
- Couple maxi : 5,5 m.kg (53,5 N.m) à 6 000 tr/min
- Alim./dépollution : injection / Euro 4
Transmission
- Boîte de vitesses : 6 rapports
- Transmission finale : par chaîne
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 300 mm (2 juxt.)
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 220 mm (1)
- Pneus Av-Ar : 110/80-19 - 140/80-17
- Réservoir (réserve) : 18 litres (nc)
- Poids : 169 kg (à vide)
- Hauteur de selle : 890 mm
Pratique
- Coloris : gris et rouge
- Garantie : 2 ans pièces et M.O., assistance
- Prix : 7 890 € (8 690 € avec valises)