En images

Tragédie du GP de Monza 1973 : Pasolini et Ago Tragédie du GP de Monza 1973 : la chute Tragédie du GP Monza 1973 : l’apocalypse Tragédie du GP de Monza 1973 : début de l’enfer

De l’huile sur la piste ?!

Le 20 mai 1973, le Continental Circus est à Monza pour la troisième manche du championnat. Le circuit italien est un circuit très rapide, mais aussi très aimé par les pilotes car, ici, il y a des grandes courbes qui se passent à fond de 6e. La première d’ailleurs, la « Grande Curva » arrive juste après la ligne de départ… Tous les pilotes le savent et sur la grille de départ toute leur concentration est fixée sur cette courbe.

Vers 15h00, la course des 350 cm3 venant tout juste de se terminer, les pilotes 250 cm3 rentrent en piste pour prendre le départ. Tout semble se dérouler normalement… Pourtant, des spectateurs, des journalistes (dont Christian Lacombe de Moto Journal) ainsi que le pilote australien John Dodds indiquent aux officiels qu’il y a de l’huile sur la piste. Mais personne ne les écoute.

Vraisemblablement, au dernier tour de la course des 350, Walter Villa aurait perdu beaucoup d’huile avec sa Benelli. Kent Andersson dira plus tard : « J’ai vu la moto de Villa qui perdait de l’huile, au point qu’il ne pouvait pas pencher sa moto en virage car son pneu arrière était complètement souillé. » Pasolini était déjà rentré de la course des 350 et il n’a rien vu de tout ça. Kent a bien averti les autres, mais seuls les engagés dans la catégorie précédente pouvaient apprécier l’ampleur des dégâts.

Soudain, l’horreur…

Le départ est donné à 15h15 et les pilotes se lancent à la poussette pour la course. Pour rappel : à cette époque il n’y avait pas de tour de chauffe et les pilotes ne connaissent pas l’état de la piste. C’est Dieter Braun qui est le plus rapide, suivent Renzo Pasolini, Jarno Saarinen, Hideo Kanaya et Mario Lega. À la « Grande Curva », que l’on négocie à plus de 230 km/h, Braun passe, mais Pasolini perd l’avant de sa Harley-Davidson et s’explose dans le rail tout juste protégé par quelques bottes de paille.

L’impact est terrible, la moto de Renzo rebondit sur la piste et coupe net la course de Jarno et de sa Yamaha, dont il est pilote officiel. Il est projeté de sa moto et tombe lourdement au sol en perdant son casque. Il est ensuite percuté par les pilotes qui suivent et qui ne peuvent pas l’éviter… Outre Pasolini et Saarinen, 12 autres pilotes sont à terre. Dans la « Grande Curva », c’est l’apocalypse.

Beaucoup de pilotes sont grièvement blessés, le réservoir de la HD de Pasolini, qui s’est détaché dans l’impact, a mis le feu aux bottes de paille et une grande fumée s’échappe depuis le bois qu’entoure cette partie du circuit. On transporte Walter Villa et Victor Palomo à l’hôpital, les haut-parleurs du circuit ne donnent plus d’informations, certains pilotes rentrent dans les stands en sens inverse de la course et la télévision italienne, qui retransmet en direct l’événement, spécule sur les causes et les conséquences du drame…

Jarno et Renzo, à terre sur cette piste maudite, ne donnent plus aucun signe de vie. Pour eux, la vie, leurs rêves et leur passion s’arrête à Monza ce 20 mai 1973.

Polémique et perspectives

Comme d’habitude après un drame de ce type, les journaux, surtout ceux (trop nombreux) qui ne vivent que de « scoops », s’emparent de l’événement pour trouver un coupable. Côté officiel, et sous la pression d’un soi-disant intérêt public, une enquête est ordonnée pour faire la lumière sur ce drame. Mais les résultats de celle-ci, imputant la cause de l’accident à un serrage de la moto de Pasolini, sont encore aujourd’hui contestés.

Certains accusent encore Walter Villa et Benelli d’avoir laissé de l’huile sur la piste pour quelques points au championnat 350 cm3, d’autres l’organisation de Monza pour son absence d’intelligence et l’inefficacité dans la gestion du drame. Certains enfin pointent du doigt les mécanos d’Aermacchi Harley-Davidson, leur reprochant d’avoir laissé partir Renzo avec une moto imparfaite…

Dans un entretien concédé à Motociclismo en 2003, Mario Lega, témoin le plus direct du drame car juste derrière les leaders, disait ceci : « Les premiers ont tout vu, mais ils n’ont pas eu le temps d’avoir peur ; les autres ont perçu l’horreur sans savoir pourquoi. » Quarante ans après ce drame, l’histoire des GP motos trace sa route avec d’autres règles et ce week-end, c’est le GP de France.

Photos : Archives Motociclismo

Publicité