La belle robe « bobber » de la Cross Bones, soignée de près, cache quelques faux plis : finition rapide du cadre, sacoches (en option, comme le pouf passager) dont le revêtement anti-pluie se barre en pelades, fils électriques baladeurs sous le réservoir d’huile… Autant de détails qui laissent songeurs vu le tarif demandé.

Redresser ce mastodonte de sa béquille exige une bonne condition physique. Pour la déplacer à l’arrêt, une seule solution pour être sûr de ne pas se laisser « embarquer » (avec les conséquences qu’on imagine) : s’asseoir dessus. Heureusement, la hauteur de selle est faible (750 mm).

Bon diamètre de braquage (4,60 m), assez courte pour la catégorie et équilibre neutre : dans les embouteillages, la Croos Bones s’en tire plutôt bien. La chaleur du moteur qui remonte à l’intérieur des cuisses gâche ce premier tableau urbain plutôt honorable.

Si la maniabilité est très acceptable en ville, il n’en est pas de même de la prestation moteur-transmission : la boîte est dure et lente, le moteur peu souple.
Calé à « 130 compteur » sur autoroute, les signes de fatigue apparaissent vite. La position n’est pas « naturelle », les bras sont trop repliés, les jambes trop allongées et on glisse sur la selle : on passe son temps à se repositionner et très vite, la pause s’impose !

Le gros custom n’a rien à faire en ville, pas plus que sur autoroute, place à la balade. Précisément son domaine… et elle n’a pas grand-chose de plus à offrir ! Suspensions souples, train avant flou (la fourche Springer vous fait remonter le temps), garde au sol limitée, freinage moyen… Le custom, tel qu’on n’ose pas le rêver !

Heureusement, il reste la motorisation pour flatter les sens : un bon gros bicylindre, lourd, lent, exaltant son caractère et délivrant son (gros) couple à un régime de diesel, même si les normes en vigueur lui portent un coup. Flagrant sur ce twin Harley, qui demande à être « libéré » à l’échappement (juste un peu…) pour donner sa pleine mesure.

Verdict
La philosophie de cette motos finit par l’emporter au fil des kilomètres : on en vient naturellement à intégrer les défauts et à ne plus les subir. La route, alors, apparaît différente, on modifie naturellement ses calculs distance-temps de parcours…
- Initiatrice du custom il y a 40 ans, la Cross Bones représente l’histoire roulante d’Harley-Davisdon, avec ses nombreuses touches historiques (fourche Springer, tank panel, garde-boue Fat Bob, etc.). Mais « l’originale » a un prix (20.000 € !) qui la cantonnera à des privilégiés amateurs de positions de conduite peu confortables et de qualités dynamiques, disons, d’une autre époque.

Avec la participation de Henry Contant

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