Le Bol d’Or depuis 80 ans est la fête de la moto par excellence. Fête pour les pilotes et fête en dehors de la piste. Le Bol c’est aussi la magie de voir tourner des machines proches de celles du motard.
- Dans les années 70 c’était aussi l’occasion de voir s’affronter les meilleurs de l’Endurance et les pilotes de Grands Prix. Les Read, Pons, Sarron, Rougerie, venaient se mêler à la bagarre.
- L’Endurance en général et le Bol en particulier méritent bien cette rétrospective, car si les grands prix m’ont et me font toujours vibrer, les courses d’Endurance me laissent toujours le sentiment que là, en tant que motard, je suis un peu chez moi…

Un homme d’abord : Eugène Mauve
Retournons au tout début, quand tout a commencé.
- Après de multiples démarches et beaucoup d’efforts, Eugène Mauve, alors président de l’Association des anciens motocyclistes militaires (AAMM), organisa son premier Bol d’Or du 27 au 29 mai 1922 sur un circuit impossible, entre Vaujours, Clichy-sous-Bois et Livry-Gargan (région parisienne).
- Le circuit était long de 5,1 km et le revêtement était … en terre battue !
Autour, l’organisation avait disposé quelques gendarmes, quelques barrières, une tribune en bois, avec une loge d’honneur et des soldats soufflant dans des cuivres… le décor est planté.

Des motos, des sides et… des cycles-cars
Pour la petite histoire, Eugène Mauve avait choisi le nom de son épreuve d’Endurance en souvenir d’une ancienne course cycliste. En vérité, le Bol de 1922 est composé de deux épreuves de 24 heures qui se déroulent à la suite, l’une est réservée aux motos et l’autre aux side-cars et cycle-cars.
17 motos prennent le départ de la première course alors que 12 side-cars et 23 cycle-cars composent le plateau de la seconde.
- À noter qu’il n’y avait qu’un seul pilote par machine, contre trois aujourd’hui…. Casque bas pour ces pionniers.

Difficile d’accès, le circuit de Vaujours est remplacé dès l’année suivante par celui des Loges, à Saint-Germain-en-Laye, tandis que l’AAMM devient l’AMCF (Association moto-cyclecariste de France). L’épreuve va rester à Saint-Germain jusqu’en 1936, sauf pour l’édition de 1927 qui se passe à Fontainebleau, suite à un accident mortel survenu l’année précédente.

Joséphine Baker au Bol
Dès 1924 et jusqu’en 1939, le Bol d’or sera la plus grande course motocycliste française. Moto Revue dans ces colonnes parle même de « championnat du monde de vitesse sur route ».
- Aux courses des motos et des cycle-cars se mêlent tout un tas d’animations qui poussent les Parisiens tout proches à venir passer un dimanche à Saint-Germain. Fanfares, orchestres, bals et buvettes animent les deux nuits sans discontinuer. C’est aussi un endroit où il faut être vu pour les vedettes de la chanson ou du sport, comme Lucienne Boyer ou Joséphine Baker.

Changement de décor en 1937, le Bol quitte Saint-Germain pour Montlhéry, un circuit permanent plus adapté aux performances de plus en plus élevées des motos. 47 motos sont engagées pour ce 15e Bol d’Or. . . et seulement 17 se présentent au départ suite à un différend entre l’organisateur et plusieurs grands moto-clubs qui boudent l’épreuve, au grand désappointement du public. En 1939, le Bol vit sa dernière édition d’avant-guerre.

Difficile après-guerre
1947 voit le Bol d’Or renaître. Pour l’occasion, il retrouve son circuit fétiche : Saint-Germain-en-Laye. Cette première édition de l’après-guerre voit la victoire de Gustave Lefèvre sur Norton 500.
Cet homme gagnera six autres Bol d’Or et il est encore aujourd’hui le recordman de l’épreuve (à égalité avec Dominique Sarron) avec sept victoires. Mais la période n’est pas à l’euphorie et les courses motocyclistes préoccupent peu les Français, qui essaient de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires (rappelons que les tickets de rationnement ont eu cours jusqu’en 1949). Ainsi, en 1948, les pilotes du Bol d’or sont presque tous des amateurs.

Pour 1949, le Bol d’Or retourne à Montlhéry, mais le public boude l’épreuve comme à chaque fois qu’elle s’est courue sur ce circuit. Éloignement de Paris, accès difficile, météo défavorable : Montlhéry n’arrive pas à recréer l’ambiance populaire de Saint-Germain. Conséquence, le Bol retourne à Saint-Germain en 1951, mais pour la dernière fois puisque toutes les éditions suivantes, et jusqu’en 1960, se dérouleront à Montlhéry.

Désintérêt du public
Mais le plateau de Saint-Eutrope ne porte pas chance à l’épreuve de plus en plus délaissée par les spectateurs. Les organisateurs multiplient les classements à outrance au point qu’en 1958, nous trouvons 41 machines au départ qui courent dans 21 catégories (donc classements) différentes ; comme en plus les pilotes sont à deux par moto depuis 1954, statistiquement, un pilote a une chance sur deux de gagner le Bol !

Septembre 1960, le 31e Bol d’Or vient de se terminer. 31 machines au départ et seulement 10 à l’arrivée. Le public n’est pas dupe et l’édition 1960 se termine dans l’indifférence générale. Le Bol connaît alors sa deuxième interruption depuis sa création et s’endort pour un long sommeil de neuf ans.

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