Essai

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En rachetant Husqvarna il y a 3 ans, le patron de KTM, Stefan Pierer, a eu une vision. Celle des plateformes communes et de marques présentant différents visages, à la manière des conglomérats automobiles. Avec son riche passé et son palmarès en course, notamment aux USA, la marque née en Suède en 1903 allait donc se démarquer du côté ready to race (prêt à courir) de KTM en cultivant son héritage... Tout en utilisant la même base moteur-châssis que ses consœurs autrichiennes. Aux designers et à la magie du marketing de faire le reste ! Si l’essai est déjà transformé sur le marché de l’enduro et du motocross où les deux marques semblent trouver leurs clients respectifs, l’histoire reprend désormais sur la route avec cette Vitpilen.

Objet design
Guidons bracelets fixés sur le té de fourche supérieur, phare rond surdimensionnés intégrant des leds, coque de réservoir en plastique argenté et fine selle à dosseret haut perchée : la Vitpilen (« flèche blanche » en suédois) est une interprétation du café-racer des temps modernes. Un véritable objet design qu’on exposerait presque dans son salon. Lors de cette présentation presse, on a même vu des invités « influenceurs » se contenter de se photographier avec la belle avant de repartir vers le buffet, smartphone en main et une multitude de hashtags en tête. Mais pour un authentique titulaire de permis A (ou A2), l’envie d’enfourcher cette moto aussi fluette qu’originale ne se fait pas attendre...
Juché sur sa selle extra-fine placée à 835 mm, on sent pourtant d’emblée que la promenade ne devra pas être trop longue : l’austro-suédoise vous tanne rapidement le cuir des fesses. Anguleuse et large au niveau de l’arcade, sa selle très en arrière ne permet pas non plus à un conducteur de moins de 1,75 m de poser les pieds à plat au sol. Tout en longueur, le réservoir recouvert de deux demi-coques asymétriques en plastique impose lui aussi une position semi-couchée, relativement sportive. Les repose-pieds placés assez bas préservent toutefois les jambes, tandis que le poids contenu et le court rayon de braquage permettent de la rattraper si besoin et de se faufiler avec aisance dans le trafic. Cela, elle le doit à la légèreté de son moteur et de sa partie-cycle, empruntés à la 690 Duke R.

Joueuse sur petite route
L’étroit treillis tubulaire en acier laisse apparaître un monocylindre tout en longueur. Version ultime du LC4 (pour Liquid Cooled 4 soupapes), ce berlingot dispose de 75 ch bien présents et d’un couple impressionnant de 7,6 m.kg dès 6 000 tr/ min. Seul hic, sa sonorité au ralenti, plus proche de la tondeuse autoportée que du mono de course... Ça ferraille, ça bourdonne de bruits mécaniques et en fin de journée, même les encadrants Husqvarna coupaient le moteur au feu en ville, c’est dire ! Mais sur les petites routes au nord de Barcelone, la magie opère : montée sur des suspensions de qualité (WP entièrement réglables), la Vitpilen profite de son empattement restreint et de ses 174 kg avec les pleins pour être balancée d’épingle en épingle avec une vivacité insolente. Dans les sorties de courbes, le monocylindre tracte avec férocité et sa boîte de vitesses précise, équipée d’un shifter en montée et en descente, rajoute encore du fun à l’engin. Un contrôle de traction déconnectable et l’ABS veillent tout de même au grain. Au moment d’attraper les freins, le simple disque de 320 mm et son étrier 4 pistons Brembo ne déçoivent pas. Seule crainte ? Celle de redescendre sous les 5 000 tr/min, des vibrations s’invitant alors dans les bracelets malgré deux arbres d’équilibrage (le premier dans le bas moteur, le second dans la culasse) censés les limiter ; ou, pire, sous les 3 000 où le mono pilonne carrément. On garde alors l’aiguille virtuelle du compteur rond dans le haut des tours, les épaules balancées sur l’avant en espérant ne pas avoir à retourner en ville. Il ne faudra cependant ne pas trop s’éloigner non plus car après 120 km, le petit réservoir de 12 litres réclamera son plein d’essence.

Le verdict
Une ligne de suédoise combinée à la rigueur d’une autrichienne, voilà un métissage séduisant ! Hors des villes et des grands axes, le charme de la Vitpilen opère grâce à ses qualités dynamiques partagées avec sa sœur la KTM. Mais dans le cadre d’un usage urbain – ce qui semble être le postulat de la marque – la Husqvarna n’est pas sans défauts : vibrations gênantes, sonorité embarrassante, selle dure, autonomie limitée et passager oublié... Cette machine mise donc tout sur sa belle gueule et ses performances : un pari osé à 10 290 €.

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Fiche technique

Husqvarna 701 Vitpilen (données constructeur)
Moteur
- Monocylindre refroidi par eau 4T, 1 ACT, 4 soupapes
- Cylindrée (al. x cse) : 692,7 cm3 (105 x 80 mm)
- Puissance maxi : 75 ch (55 kW) à 8 500 tr/min
- Couple maxi : 7,6 m.kg (72 Nm) à 6 750 tr/min
- Alim./dépollution : injection/Euro 4
- Boîte de vitesses : 6 rapports
- Transmission finale : par chaîne
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 320 mm (4 opp.)
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 240 mm (1)
- Pneus Av-Ar : 110/70-17 - 150/60-17
- Réservoir (réserve) : 12 litres (2,5)
- Poids à sec : 157 kg
- Hauteur de selle : 830 mm
Pratique
- Coloris : grise
- Garantie  : 2 ans pièces et M.O., assistance
- Prix : 10 290 €