Taux d’alcoolémie à 0,2 gr/l de sang, généralisation des radars double face pour flasher plus de motos et scooters, des PV à la volée, dénonciations... Les préconisations de la police pour améliorer la sécurité routière sont percutantes !

C’est ce que relate le quotidien Le Parisien du 9 septembre, qui s’est procuré un rapport d’évaluation de la politique de sécurité routière, rédigé par les inspections générales de l’administration, de la gendarmerie et de la police nationale. Remis en juillet au ministère de l’Intérieur, ce document était jusqu’ici resté secret.

Jeunes et alcool
Les inspections générales suggèrent au ministre de l’Intérieur de : « retenir un taux de 0,2 g d’alcool/l de sang (au lieu de 0,5 g/l actuellement) pour les conducteurs novices de moins de deux ans (permis probatoire) ».

Le quotidien souligne qu’en Europe, le Luxembourg, l’Irlande, la Grèce et le Portugal sont déjà à 0,2. L’Allemagne, la Suisse et l’Italie appliquent la tolérance zéro pour les automobilistes n’ayant que deux à trois ans de permis. Après avoir bu un seul verre (0,15 à 0,30 g selon la corpulence), certains pourraient se retrouver dans le rouge.

« Compte tenu du manque d’expérience des conducteurs novices, de leur taux d’accident et de l’impact sur les temps de réaction d’une alcoolisation même légère, la réduction de l’alcoolémie admise pour les conducteurs novices a un sens », souligne ce rapport.

Le ministère de l’Intérieur, interrogé par Le Parisien, atténue l’impact probable de cette petite bombe, en expliquant qu’il s’agit d’un « document de travail ». Les personnes compétentes étudient « avec l’ensemble des ministères concernés certaines des pistes proposées ».

Proposition déjà retoquée
« Cette question a déjà été examinée par le Conseil national de sécurité routière (CNSR) en janvier 2013, dans les commissions Alcool stupéfiants vitesse (ASV) et Jeunesse éducation routière (JER) », souligne Marc Bertrand, Monsieur Sécurité routière de la FFMC. « L’avis général du CNSR, partagé par la FFMC, concluait que l’abaissement du taux d’alcool pour les jeunes permis ne serait pas efficient.

59,9 % des conducteurs impliqués dans un accident mortel et présentant un taux d’alcool positif, avaient un taux supérieur à 1,50 g/l, en 2011 (source : Observatoire national de sécurité routière). Le permis probatoire est par ailleurs limité à 6 points. Une telle mesure n’a pas non plus été retenue par les experts du CNSR, qui ont émis en juin dernier leur propre rapport de sécurité routière sur les groupes à risques. Le chapitre « jeunes conducteurs » n’en fait pas mention ».

Sondage ou cheval de Troie
La divulgation de ce document est-elle destinée à prendre le pouls de l’opinion sur la sécurité routière, après le fiasco des 80 km/h en début d’année ? Possible. A moins qu’il ne soit avancé cette mesure du « taux à 0,2 » en sachant qu’elle ne sera probablement pas appliquée, pour en faire passer d’autres plus discrètement.

Radars double-face
Le rapport des inspections générales de la police et de la gendarmerie préconise également de multiplier les radars double-face, afin de flasher plus de deux-roues motorisés. Il s’agit d’un nouveau dispositif de contrôle de vitesse automatique, encore en test, permettant de prendre en photo dans un laps de temps très court l’avant, puis l’arrière d’un véhicule en excès de vitesse. Donc la plaque arrière des motos, systématiquement…

La police, comme la Sécurité routière, déplorent depuis plusieurs années que le taux de rebut des photos des radars automatiques soit largement supérieur pour les motos que pour les autres véhicules. L’absence de plaque avant, la dimension et la position de l’immatriculation arrière, leur transformation fréquente, rendent l’identification des contrevenants plus difficile.

Volée de PV
Autre solution pour attraper plus de contrevenants, le recours aux PV à la volée. S’ils constatent une infraction, les policiers peuvent dresser des contraventions sans interpeller le conducteur ; ils n’ont qu’à rédiger le PV ultérieurement, au moyen du boîtier électronique. Rapide et efficace, mais très mal admis dans la population. Quant au caractère pédagogique de la sanction, on oublie…

Dénonciation
Autre suggestion pour le moins étonnante, l’obligation pour les employeurs de dénoncer les salariés contrevenants. Au motif que : « la principale fraude au retrait de points provient des véhicules professionnels, peu d’employeurs désignant le conducteur auteur de l’infraction ». Selon les experts, il faudrait mettre fin à ces errements qui encouragent l’incivisme.

L’administration déplore, par ailleurs, « l’absence de comité interministériel de la sécurité routière depuis trois ans », et appelle le gouvernement à une « véritable impulsion ministérielle » sur la sécurité routière. Si, d’aventure, le gouvernement suivait ces recommandations, les conducteurs auraient du soucis à se faire.

Publicité