« Nous sommes rentrés en contact avec la direction des Routes mais elle reste sourds à nos appel. C’est ce qui motive cette manifestation. C’est la première, il y en aura certainement d’autres avant le printemps prochain. » Car la partie est loin d’être gagnée, le ministère comme l’entreprise privée Cofiroute, qui a signé une concession de 70 ans avec l’Etat pour la construction, l’entretien et l’exploitation de l’ouvrage d’art, jouant le pourrissement.
Un « ouvrage d’art » en question
La médiatisation de cette affaire n’arrange aucune des deux parties. Car, si l’on en est arrivé à réserver un tunnel à l’accès payant, bouclant le super-périphérique parisien qu’est l’A86, aux voitures, c’est que sa construction a été soumise à de grosses contraintes techniques. Les bâtisseurs ont créé deux niveaux de circulation (un par sens) car le diamètre de creusement interdisait une route à plusieurs voies. De plus, ce faible diamètre ne procure qu’une hauteur en exploitation pour chaque étage de 2 mètres maximum, ce qui est très faible.
La raison de ces contraintes, c’est évidemment la construction de l’ouvrage dans un dense milieu urbain. Alors que, au Nord et à l’Est de Paris, l’A86 traverse comme une saignée bruyante et polluante des communes plutôt modestes, dans le cossu Ouest parisien, on a opté pour un tunnel qui ne gênera pas des riverains dont le pouvoir d’achat leur permettra de s’acquitter de la dîme nécessaire au franchissement du péage.
Des politiques contre l’interdiction
Serge Méry, vice-président de la Région Ile-de-France chargé des Transports, était présent au départ de la manifestation. « Je suis motard, mais surtout, je ne peux accepter cette discrimination, qui a quelque chose d’anti-constitutionnel ». Patrick Ollier, le maire de Rueil-Malmaison, n’était pas à la manif mais s’est prononcé contre l’interdiction et a mis des policiers municipaux au service de l’organisation pour encadrer le cortège dans sa ville. La mobilisation contre la discrimination n’est qu’à son début.
Elle risque d’être longue, car les motards s’attaquent à une machine plutôt lourde et peu encline à bouger. Mais ils sont motivés comme jamais, car la crainte n’est pas que locale. Ce type de disposition anti-motard peut en effet faire tâche d’huile dans d’autres agglomérations. « On nous parle d’un projet similaire à Lyon, sous le tunnel de Fourvière », expliquait Fabrice Vidal, coordinateur de la FFMC Paris-Petite Couronne. « Et si, bientôt, on nous interdisait l’accès à une autoroute entière ? »