Il faut dire que le gouvernement avait donné des munitions aux manifestants : obligation du port d’un gilet rétro-réfléchissant et obligation de poser une plaque d’immatriculation au format A4 pour les motards, suppression des panneaux annonçant les radars, interdiction des avertisseurs pour tous... La coupe est pleine, et de plus en plus d’usagers ont l’impression qu’on les prend pour des vaches à lait. Surtout en région parisienne, où les contrôles routiers sont quotidiens, ciblant autant autos que motos.

Harcèlement

« Ces nouvelles décisions coercitives sont à coté de la plaque, elles ne sont absolument pas à la hauteur de l’enjeu que représente la sécurité routière, et constituent un véritable harcèlement moral et financier des usagers de la route, alors même que le nombre de morts sur les routes n’a pourtant historiquement jamais été aussi bas », déplore France Wolf.

Autards et motomobilistes

Mais là où les manifestants de 2011 ont fait encore plus fort qu’en 1980, c’est qu’ils étaient tous modes de transport confondus. Certes, à Paris, les motards formaient le gros (voir l’énorme) du cortège. Cependant, près d’une centaine de voitures ont eu la patience de rouler au pas entre Vincennes et le Troca, en queue de cortège, essuyant d’ailleurs la colère de certains conducteurs non manifestants, bloqués durant une demi-heure, le temps que tout le monde défile.

Visuel fort

Au Trocadéro, point d’orgue de la mobilisation, des usagers venus à pied ont également renforcé le cortège. Entretemps, les militants de la FFMC Paris-Petite Couronne avaient déployé une amusante banderole « Radars non Bercy » devant le ministère des Finances (Paris 12e). Et ils ont terminé la manifestation en apothéose, déployant un gigantesque calicot de 25 mètres sur la façade du Trocadéro, portant le slogan : « Sécurité rentière, tous coupables ».

Guéant, copie à revoir !

A peine arrivé au ministère de l’Intérieur, Claude Guéant a donc réussi à se mettre à dos la grande majorité des conducteurs français, qui sont aussi des électeurs, comme ils l’ont rappelé à de multiples reprises lors de cette manifestation.

L’un des principaux conseillers du président, apôtre de l’ultra-répression, va devoir revoir sa copie en matière de sécurité routière s’il ne souhaite pas d’autres manifestations de ce type à la rentrée scolaire, nuisibles à l’image du candidat à l’élection présidentielle. Car l’Union des usagers de la route est prête à remettre ça si les mesures annoncées par le CISR du 11 mai finissaient par être adoptées.

Nicolas Grumel