Un véhicule de crise

En 1949, les plaies de la Seconde Guerre mondiale sont encore loin d’être cicatrisées. La production de masse d’automobiles populaires, interrompue par 5 années de guerre, peine à reprendre malgré la création de la Renault 4 CV et de la Citroën 2CV. En ces années, la majorité des Français sont encore des ruraux et des ouvriers très peu aisés.

Les matières premières sont toujours soumises à restriction, l’industrie ne se relève que très lentement. La France a besoin d’un moyen de locomotion, aussi simple que peu gourmand et fiable, aussi facile à produire qu’à conduire, léger et relativement rapide. Toutes ces qualités doivent bien sûr être fournies pour le prix le plus modique possible. C’est là le principal du cahier des charges respecté par la toute première Mobylette®, l’AV3 présentée timidement lors du salon de 1949.

Succès immédiat : 13.000 modèles sont vendus des la première année (1950). Il ne s’agit pourtant que d’un vélo pour dame renforcé et motorisé mais, il atteint déjà 30 km/h et permet de grimper de nombreuses côtes (jusqu’à 7%) sans pédaler. Détail d’importance lorsque le carburant est rationné, il ne consomme que 1,2 litres pour cent kilomètres.

Évolution

Très vite ce cyclomoteur léger (28kg) va se voir doté d’un embrayage semi automatique puis automatique et automatique double : le Dimoby de l’AV 33 qui permet d’arrêter moteur tournant et de démarrer sans qu’il soit besoin de pédaler.

Toujours sur ce modèle extrapolé d’un vélo viennent ensuite la suspension avant par fourche télescopique inversée, le variateur, le cylindre en aluminium chromé dur et les freins à tambours avant et arrière. Entre temps, en 1956 est créée et commercialisée la première de toutes les fameuses « Bleues ». Suprême luxe, la AV 78 est dotée de suspensions arrières coulissantes. La structure monocoque en tôle emboutie permet la production automatisée en grande série.

68.173 exemplaires de la AV 78 sortent des chaînes entre juin 1956 et février 1960. A partir de 1960, la Bleue va connaître une évolution technique tranquille et sa mythique silhouette va lentement se transformer prenant des lignes plus tendues qui lui resteront jusqu’à la fin de sa carrière française en 2001. Entre temps le vieux moteur « longue course » à admission directe a été totalement remplacé par le moteur super carré AV 10 à clapets beaucoup plus nerveux.

Toujours en activité sur les MBK actuels ce moteur est commercialisé pour la première fois en 1978 sur un modèle de la famille des 40 et 51 dont la ligne plus fine et tendue, dévoilée en 1967, apparaît comme plus moderne et sportive. Elle plaît d’emblée à un public plus jeune et plus urbain. D’évolution en évolution elle aura séduit en trente cinq ans de carrière française plusieurs vagues d’adolescents. Comme pour la « bleue » sa production sous licence ou sa commercialisation continue dans d’assez nombreux pays de par le monde.

Conclusion : véhicule d’un rapport simplicité, performance, prix inégalé, la Mobylette à l’instar du Vespa italien, relève d’un véritable art de vivre. Bien plus qu’un simple véhicule, ce véhicule simple est donc un véritable chef d’œuvre de design et d’art industriel. C’est cela qui sera célèbré à St-Quentin dans l’Aisne, par le Motobécane Club de France (MCF) et tous les vrais fans de mob, les 30 et 31 mai 2009 prochains.

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