2 octobre 2015 : à l’issue du comité interministériel de sécurité routière (CISR), le Premier Ministre annonce des mesures ciblées sur les motards. Parmi celles-ci apparaît une nouvelle forme de bridage de puissance : l’interdiction pour les novices, à tout âge, de conduire une moto de plus de 47,5 chevaux pendant deux ans. Cerise sur le gâteau, une formation de 7 heures sans examen serait obligatoire à l’issue des deux ans, avant de pouvoir conduire une moto de plus de 47,5 chevaux.

La Sécurité Routière entend étendre les conditions du permis A2 à tous les conducteurs débutants, alors que, depuis janvier 2013, celles-ci ne sont appliquées qu’aux motards de moins de 24 ans.

Frein au marché
La mesure constitue assurément un frein au développement de la moto. Car, si elle venait à être appliquée, les néo-conducteurs seniors (quadra, quinqua et plus) ne pourraient pas conduire directement une moto supérieure à 47,5 chevaux. Sont exclus nombre de modèles emblématiques : BMW R1200GS, Ducati Multistrada, KTM 1290 Adventure, Harley-Davidson 1200 Sportster… Des motos nécessitant un pouvoir d’achat dont on dispose entre 40 et 50 ans plutôt qu’à 20 ans.

Le gouvernement souhaite aller vite : juste avant la « trêve des confiseurs », en décembre, il rédige un projet de décret en même temps que celui sur l’expérimentation de la circulation inter-files. Il est dévoilé aux représentants des écoles de conduite moto, qui réagissent immédiatement.

Réaction immédiate
La Fédération nationale du commerce et de la réparation du cycle et du motocycle (FNCRM), l’Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (Unidec), le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA) branche 2-roues, la branche éducation routière de la Fédération nationale de l’artisanat automobile (FNAA) et l’Association pour la Formation des Motards (AFDM) cosignent une lettre adressée au ministre de l’Intérieur. Moto Magazine s’est procuré ce courrier.

L’argument économique prévaut
« La suppression brutale de cette voie d’accès à la conduite d’une moto va pénaliser la filière professionnelle du 2-roues motorisé, écrivent les professionnels. Celle-ci, composée majoritairement de très petites entreprises (TPE), compte déjà dans ses rangs un nombre important d’entreprises en difficulté. Notre secteur économique a beaucoup souffert de la crise (...) ».

La profession demande un report de la mesure : « Nous ne sommes pas opposés à cette nouvelle réglementation si elle est accompagnée d’un délai de deux ans pour sa mise en œuvre pour permettre aux constructeurs de proposer une offre suffisante (...) aux moto-écoles de gérer leur parc de véhicule (...) En l’absence de cette période de transition, nous redoutons à nouveau un effet néfaste immédiat sur toutes les entreprises de la filière. Des centaines d’emplois, des contrats d’apprentissage sont menacés directement ».

Les écoles de conduite craignent deux effets dévastateurs :
- une baisse sensible des inscriptions au permis de conduire moto ;
- une modification de facto de leur parc de véhicules : les motos de plus de 47,5 chevaux deviendraient inutiles, et il faudrait investir dans l’acquisition d’autres véhicules typés A2.

Le ministre de l’Intérieur semble avoir été sensible à cette requête : le décret n’a pas été publié, alors que celui sur la CIF l’était. Les représentants des écoles devraient désormais pouvoir discuter avec la Sécurité Routière de ce projet.

Complément d’info : Permis A2 généralisé, pourquoi ça coince ?
Les explications de Pascal Wolf, représentant l’Association pour la formation des motards (AFDM).

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