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Campagne Sécurité routière : ça râpe ! Campagne Sécurité routière : un point contre les gants Campagne Sécurité routière : épais comme une feuille de papier…

Un rouleau abrasif enfilé sur une des deux poignées des motos et scooters pour toucher du doigt le danger à rouler sans gants… La Sécurité routière lance une « vaste » campagne de prévention dans les parkings deux-roues de cinq villes de France. Objectif, convaincre les conducteurs de la nécessité de protéger leurs mains quand ils circulent sur un deux-roues motorisé (2RM, moto et scooter), y compris sur les petites distances.

Cylindres d’information
Du 14 au 16 décembre 2016, à Bordeaux, Marseille, Montpellier, Toulouse et Paris, plus de 25 000 cylindres d’information sont enroulés sur les poignées gauche des 2RM en stationnement. La partie visible de cette poignée est en papier de verre pour symboliser la route. « En la touchant du doigt, on réalise l’effet de râpe qui menace la peau en cas de chute », explique la Sécurité routière.

La poignée factice est aussi porteuse d’un message enroulé à l’intérieur : « Lors d’une chute à deux-roues à 30 km/h, le frottement de la route sur votre peau est aussi abrasif que ce papier de verre. Pour vous protéger le port de gants est obligatoire pour tous les conducteurs et passagers de 2RM depuis le 20 novembre 2016 ».

On en veut plus !
Voilà de quoi sensibiliser en amusant, et en effrayant un peu… Mais on est en droit d’attendre plus du service public qu’est la Sécurité routière : si le papier de verre « râpeux » symbolise le goudron qui revêt nos routes, on constate qu’aucune mesure coercitive, à l’image du caractère obligatoire du port des gants (amende et retrait de point), n’est prise à l’encontre des installateurs et services d’entretien des infrastructures routières dont les erreurs peuvent être à l’origine des chutes qui occasionnent des blessures aux mains.

« Si le gouvernement se montre si préoccupé par la vulnérabilité des usagers en deux-roues, que fait-il pour infléchir la dégradation du réseau routier, s’interrogeait récemment la Fédération française des motards en colère (FFMC). Avant de donner des leçons de sécurité aux gens, l’État ferait bien d’assumer ses propres responsabilités en balayant devant sa porte ! »

Des chiffres à charge…
Pour justifier le port des gants obligatoire, la Sécurité routière assène des chiffres sans grand intérêt, et qui ne font surtout pas mention de l’impact des infrastructures routières sur les blessures des motards et scootéristes :
- « Près de 7 conducteurs de 2-roues sur 10 déclarent avoir déjà chuté, ce qui a entraîné des blessures pour près de la moitié d’entre eux » (source : TNS Sofres mars 2015). Notre avis : du déclaratif, qui plus est sorti du contexte de l’étude globale dans laquelle la question était intégrée…
- « Une chute à 50 km/h équivaut à tomber d’une hauteur de dix mètres. Avec des gants épais le facteur de protection s’élève à 87 % » (source : Source : Acem - rapport Maids).
Notre avis : on doute que porter des gants empêche à une personne qui chuterait de dix mètres de se briser les mains et les poignets…
- En 2015, 43 % des blessés graves sur la route, soit environ 12 000 personnes, sont des utilisateurs de 2RM alors que ceux-ci représentent moins de 2 % du trafic (Source : Commissariat Général au Développement Durable).
Notre avis : le sempiternel argument statistique qui fait fi de la caractéristique incontournable du véhicule ; forcément, sans carrosserie, on est plus exposé lors d’un accident !

Verdict : on en veut plus pour notre sécurité !
On est en droit d’attendre beaucoup plus d’un service public que cette campagne de communication épaisse comme une feuille de papier. Les conducteurs et scootéristes attendent par exemple une vraie prise en compte de leurs conditions de circulation lors de la construction et de l’entretien des infrastructures routières. Voilà qui sauvera plus de mains qu’un rouleau de papier de verre.

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