Les certitudes

Alors finalement, qu’ont-ils décidé ? Ce que l’on sait, c’est que le déploiement des radars sur le bord des routes françaises ne cessera pas de si tôt. Mille appareils supplémentaires seront installés en 2011 et 2012. La nouveauté, depuis mai, c’est que les radars fixes ne sont plus annoncés par un panneau de signalisation. Ils deviennent aussi piégeux que les radars automatiques mobiles installés à bord de véhicules banalisés.

4000 radars pédagogiques pour sauver la face

Afin de calmer la fronde des députés UMP suite à cette décision, le ministre de l’Intérieur a fini par trouver une solution de remplacement. Le 30 mai, Claude Guéant a annoncé l’installation de 4 000 « radars pédagogiques », indiquant la vitesse des véhicules à l’approche de « zones dangereuses ».

200 seront déployés dès juin 2011, et 2 000 avant la fin de l’année. Attention, ils ne seront pas systématiquement plantés avant un radar automatique fixe. Donc, ils ne pourront servir d’alerte aux conducteurs. Leur emplacement sera déterminé par les préfets, en concertation avec les élus locaux et les associations de victimes d’accidents. A quoi cela sert-il d’indiquer la vitesse, à un conducteur qui dispose déjà d’un compteur ? A sauver la face d’un ministre qui reste un proche du président de la République.

Facture salée

La facture de cette parade s’annonce salée : 3 000 euros par appareil, soit 12 millions d’euros, qui seront prélevés sur le chiffre d’affaires des amendes routières, assure le ministère. Comme quoi, ces amendes génèrent bien un bénéfice. On nous a souvent répété le contraire…

Et Coyote dans tout ça ?

Après avoir orchestré une protestation éclair en 15 jours, fortement relayée par les médias grand public, les fabricants d’avertisseurs de radars sont arrivés à un compromis avec le ministre de l’Intérieur, le 27 mai : ils deviennent des « outils d’aide à la conduite », et non plus des « avertisseurs de radars ». Les communautés d’utilisateurs pourront continuer de s’alerter sur la localisation d’une « zone dangereuse », dont la cartographie sera fournie par la Sécurité Routière, et non plus d’un radar fixe.

Quelle différence ?

Cette différence est-elle seulement d’ordre sémantique ? Difficile à prédire : nous n’avons pas encore de renseignements sur cette carte. Il sera, d’ailleurs, intéressant de la calquer sur les dernières cartes de radars fixes. Jusqu’à présent, d’après la Sécurité routière, les radars automatiques étaient installés dans des « zones dangereuses »…

Bizutage et sortie de route

Quoiqu’il arrive, le bizutage de Claude Guéant à l’Intérieur aura débouché sur un grand moment de raté politico-médiatique. Eh oui, la sécurité routière, c’est plus compliqué qu’on ne le pense.

Ce n’est pourtant pas faute de le répéter : une vraie politique de SR ne peut s’établir sur la seule base de l’analyse à la va-vite des statistiques annuelles d’accidents, et encore moins se borner à une politique répressive. De l’éducation, Monsieur le ministre, de l’éducation… C’est sans doute ce que demanderont les conducteurs de deux et quatre roues qui manifesteront le 18 juin prochain.

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