Cette année-là, Jean Murit et André Emo (Norton) terminent le championnat à la 5e place ; Jacques Drion, associé au Britannique Bob Onslow, arrive à la 6e place ; quant à René Bétemps et Georges Burggraf (Triumph), on les retrouve à la 12e place.

Places d’honneur
À partir de 1952, c’est Jacques Drion qui porte haut les couleurs françaises en championnat du monde. Associé à différents passagers, il accumule les places d’honneur : 4e en 1952, 1953 et 1955 ; 7e en 1954 ; 11e en 1956, 9e en 1957.

En 1959 et pour plusieurs années, l’équipage Jo Rogliardo/Marcel Godillot est notre meilleur représentant en Mondial (6e en 1959, 13e en 1960, 14e en 1961). Ces années-là, le championnat du monde est la chasse gardée des Allemands, des Suisses et des Britanniques.

Il faudra attendre 1964 pour revoir un équipage français dans le classement mondial : Joseph Duhem et François Fernandez.

En 1971, Michel Pourcelet, associé à Claude Domin, termine 17e, et en 1975, on retrouve un nouvel équipage à la 18e place : Gilbert Aymé/Patrick Loiseau... Les années suivantes, un Français va enfin se battre pour le titre suprême : Alain Michel.

La fusée Michel
Pourtant, en 1972, c’est en solo qu’Alain Michel commence à courir. Très bon pilote, il remporte la coupe des Quatre-Saisons en catégorie 500 sur sa 450 Honda, la coupe du Printemps à Magny-Cours (Motor-Stadium Jean Behra) et la coupe d’Automne sur le circuit du Mans. Il termine également 2e du championnat de France 500 national.

Mais n’étant pas complètement satisfait, il se lance sur trois roues en 1975. Et c’est en 1976 qu’il entame une saison complète en Grand Prix, avec Bernard Garcia comme passager… Alain gagne sa première course au championnat de France du Mans lors du Challenge Acat. Avec d’autres victoires à son actif, il obtient dès sa première participation le titre de champion de France. Mieux, pour son premier Grand Prix (Grand Prix de France au Mans), il termine 2e et finit 9e du Mondial. La fusée Michel est lancée.

L’année 1977 confirmera l’immense talent (pilote et préparateur) d’Alain. En effet, avec Gérard Lecorre comme coéquipier, il remporte son premier GP, toujours lors du Grand Prix de France, cette fois au Castellet. Et malgré quelques soucis mécaniques, il termine 5e du mondial. Cette même année, un autre équipage français sort du lot : Yvan Trolliet/Pierre Muller.

Des hauts... et des bas.
En 1978, Alain Michel progresse vers le haut du classement. Avec 6 podiums, dont 2 victoires, il termine vice-champion du monde avec Stuart Collins comme passager. Quant à Yvan Trolliet et Pierre Muller, ils terminent 13e.

L’année suivante sera moins faste : Alain a un nouveau passager, Michael Burkhard, mais ne décroche qu’une 4e place finale au Mondial (B2B) malgré deux belles victoires (GP de France au Mans et GP des Pays-Bas à Assen). Derrière lui, les Français sont en tir groupé : Bernard Chabert /Patrice Daire et Paul Dessirier à la 5e place, Yvan Trolliet/Marc Petel à la 6e...

En 1980, Alain remonte dans le top 3 avec le même passager. Aucune victoire, mais 5 secondes places… tandis qu’Yvan Trolliet et Denis Vernet terminent 14e.

En 1981, il remporte un nouveau titre honorifique de vice-champion du monde derrière Rolf Biland, et deux victoires. Mais surtout, sur les 9 courses, Alain et son passager Michael Burkhard montent 8 fois sur le podium !!! Du côté des autres Français, Patrick Thomas, associé respectivement à Jean-Marc Fresc et Harry Hoffmann, termine 16e.

1982 se solde par une nouvelle 3e place finale au Mondial (2 victoires) pour Alain, et Patrick Thomas (avec 4 passagers différents) réalise un très belle saison en se classant 6e.

L’année 1983 est plus difficile. Alain change de passager en la personne de Claude Monchaud, et la nouvelle équipe termine 4e .

Avec l’arrivée de Jean-Marc Fresc en 1984, un nouveau tandem se forme, qui renoue avec la victoire en Belgique. C’est une nouvelle fois sur la 3e marche du podium mondial qu’il terminera la saison.

Année « catastrophique » en 1985… avec une 7e place au classement final.

La chasse au titre
Mais en 1986, la situation se renverse : l’équipage Michel/Fresc fait parler la poudre, et la bagarre contre l’équipage Streuer/Schmieders tiendra le monde du side-car en haleine pendant toute la saison.
C’est l’équipage français qui aborde le dernier Grand Prix (à Hockenheim, en Allemagne, le 28 septembre) en tête du classement provisoire du championnat du monde. Une 4e place suffit alors à Alain et Jean-Marc pour monter sur la plus haute marche du podium… mais un casque mal attaché, suite à une interview de dernière minute, ruine tous les espoirs d’Alain. Ils termineront la course en 5e position et, au terme du championnat, finiront à égalité de points avec l’équipage batave… qui sera sacré champion du monde grâce à un nombre de victoires plus important (5 contre 2). C’est une très grosse déception dans le clan français, mais il en faut plus pour abattre l’homme de défi qu’est Alain. Il repart à la chasse au titre.

1987 : 4e du Mondial (5 podiums) ; 1988 : 4e, encore (2 podiums) ; 1989 : 3e (3 podiums) ; 1990, enfin, sera l’année de la consécration. Après avoir bataillé 14 saisons au plus haut niveau, la 15e sera la bonne… Seule ombre au tableau, Jean-Marc, l’ami, le complice de toujours, n’est plus là… Et c’est Simon Birchall qui le remplace pour goûter au bonheur ultime… CHAMPION du MONDE !

Alain, c’est un immense talent de pilote, mais également de préparateur, comme en témoigne, en 1988, la moto de Grand Prix entièrement française qu’il aide son ami Claude Fior à concevoir. L’innovation principale de cette machine est son architecture. La suspension avant, alors inédite, se prête bien à la réalisation d’un moteur porteur. Seul Européen à défier les grands firmes japonaises, ce constructeur moto fait parler de lui dans le monde de la course. Ils formeront, cette année là, la meilleure équipe privée du championnat du monde 500 cm3 avec le pilote suisse Marco Gentille.

Une vie « normale »
Lors d’une interview pour bike70.com, Alain m’a parlé de sa reconversion :

« Après 16 saisons de Grand Prix, j’avais envie de vivre une vie normale et nous avons, ma femme et moi, ouvert des chambres d’hôtes et un restaurant. Ensuite, en 1996, nous sommes partis travailler en Afrique pour nous acheter un beau bateau à voile et partir en croisière de 1999 à 2001. Mais cela n’allait pas assez vite et nous manquions de place. Nous avons ensuite vendu le bateau et acheté une maison en Ardèche, dans un coin de rêve.

J’ai été recruté par Gas-Gas France pour m’occuper de la compétition et du développement des machines d’enduro. Notre collaboration s’est arrêtée six ans plus tard, en grande partie à cause de la circulaire Olin qui a fait chuter les ventes de notre importateur de plus de 40 %, donc plus de budget pour la course et fin d’une belle période dans un milieu très sympa qui ressemblait beaucoup à ce que j’avais connu en GP vitesse... »

Alain Michel est le pilote moto le plus titré en France. Il suffit de laisser parler les chiffres :
16 saisons au plus haut niveau. 138 Grands Prix disputés. 77 podiums. 18 victoires. 43 pole positions et records du tour. 1 titre de champion du monde. 3 titres de vice-champion du monde. 9 titres de champion de France !

Le meilleur side-cariste au monde
Il doit ses nombreuses victoires non seulement à son sens du pilotage, mais également à sa grande maîtrise de la technique moto, du châssis et surtout du moteur.
Le journaliste Fabrice Cateloy, dans un article consacré au champion du monde, soulignait :

« Si la saison se prépare avec un budget, la course, elle, se gagne avec un moteur... Et quel moteur, un monstre de 175 chevaux... Pour parfaire les performances, le bloc moteur est modifié, ré-usiné avec un soin méticuleux, à la recherche du rendement maximum... Dans le team d’Alain Michel, il n’y a pas de mécaniciens ou d’ingénieurs : le budget ne le permet pas. Tout est fait maison... et Alain met régulièrement la main à la pâte... Rien à voir avec les structures hyper-professionnelles des écuries d’usine... »

Vous l’avez compris, Alain Michel est devenu le meilleur side-cariste au monde, non seulement sur la piste, mais aussi et surtout dans l’atelier, où il s’est spécialisé dans un domaine très pointu : le réglage de l’injection, un système de plus en plus présent sur les motos (routière ou sportive). Certes, le réglage de base est bien maîtrisé par la plupart des mécaniciens, mais il faut une très grande pratique, du matériel adéquat et une bonne connaissance technique pour ajuster parfaitement l’injection et tous les paramètres possibles.

Ce don, cette aptitude à comprendre, à analyser et à préparer les moteurs, il les met aujourd’hui au service des autres grâce à sa société, que ce soit pour un pilote désirant améliorer les performances de sa machine pour la piste ou un motard à la recherche d’une machine fiable et rapide tout en restant dans les normes en vigueur au niveau bruit et chevaux.

En 2010, nous retrouverons Alain dans les paddocks du championnat de France Superbike : il va s’occuper de la mise au point de la moto de Frédéric Chabosseau, le champion de France Promosport 1000 en titre, qui va participer au championnat de France Superbike 1000 cm3, toujours sous les couleurs de Superbike Toulon de notre ami Philippe Michel, autre préparateur de légende.

Connaissant personnellement, Alain Michel, je voudrai rajouter que ce grand champion l’est autant d’un point de vue sportif qu’humain ...

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