« C’est une ancienne Honda ? Une CBS c’est ça ? j’ai eu la même il y a longtemps », affirme un passant attiré. « Elle est customisée ? » Si l’on n’y regarde pas de près, par son aspect classique, la Sym semble bien faire partie de ces fameuses Honda bicolores du début des années 1970.
Parmi celles-ci, la petite 125 S avec laquelle nombre de lycéens et d’apprentis des années 1970 firent leurs premières armes motocyclistes. Seul l’entourage assez kitch des instruments de bord et le frein avant à disque trahissent en fait une fabrication récente made in Taïwan.
Sym appartient au groupe industriel Sanyang, constructeur, entres autres, des voitures Hyundai. Mais quelle drôle d’idée de commercialiser en Europe une moto dont les rapports de boîte ne sont pas standardisés !
Rapports inversés
La première en bas, les autres aussi ! À l’époque de cet essai en 2006, l’attaché de presse de Sym France avait répondu que ce produit concernait surtout des automobilistes peu au fait de la pratique de la moto.
« Sans habitude précise en ce domaine, il s’y feront très bien », expliquait-il. Une hypothèse bien optimiste. D’une manière plus discrète, il avait confié que le marché français était minuscule pour un constructeur de l’envergure de Sym et qu’il n’était pas envisageable de changer un détail technique pour une demande aussi modeste. Depuis, Sym a revu sa position et le moderne roadster SBn doté du même moteur, bénéficie d’une sélection aux standards européens.
Vaillant et ludique
Quelques calages et surrégimes plus loin, avec l’habitude, la boîte s’avère assez précise. Le moteur se montre vaillant et ludique malgré une puissance modeste. Fluette, à l’ancienne, la moto ne pèse que 119 kg à sec. Sur le plat et sur le dernier rapport, le mono grimpe avec allégresse jusqu’à son régime maximum de 10.300 tr/min !
Toujours sur ce dernier rapport, il avale sans trop faiblir des côtes assez longues. Si nécessaire, la relance sur un rapport inférieur est franche et le compte tour regrimpe assez vite vers sa zone rouge. S’il aime surtout être mené au dessus de 5.000 tr/min ce moteur peut aussi être sage en ville. À bas régime il s’avère toutefois un peu creux.
Partie-cycle moyenne
Ce propulseur volontaire et attachant souligne assez vite les défauts d’une partie-cycle moins performante. Souvent accusé de manquer de rigidité, le châssis est surtout peu aidé par un amortissement trop souple et des pneus taiwanais de qualité moyenne.
À allure soutenue sur des routes au revêtement négligé, la moto danse beaucoup sans que les suspensions arrière s’accordent toujours bien l’une à l’autre. Pour autant il ne s’agit pas de rodéo. Grâce à son poids plume et à une faible hauteur de selle, la Wolf reste facile à maîtriser et devient même plutôt ludique dans les enchaînements de virages serrés.
La méfiance envers les pneus d’origine doit rester de rigueur sur sol humide. Le peu progressif frein arrière à tambour génère le même constat.
Confortable en duo
Si le confort est correct pour le pilote, le passager dispose aussi d’une place épaisse et de surface suffisante. Une poignée de maintien très pratique lui est dédiée. Sur de longues distances la souplesse des suspensions arrière génère toutefois quelque inconfort pour le duettiste. Un moindre souci comparé aux risques de délestage intempestif de la roue avant.
Le Sym 125 Wolf Classic en 2014
Le passage de la norme Euro 3 fut fatal à cette moto. Sa carrière française n’a duré que de 2004 à 2007. Malgré ses qualités et un prix abordable, la 125 Wolf Classic n’a pas détourné beaucoup d’adeptes du scooter. Et sa boîte inversée a dissuadé de nombreux motards d’en faire une seconde monture utilitaire.
De ce fait, elle ne court pas les rues et encore moins les petites annonces. Vendue 1.999 € en 2006, elle côte aujourd’hui entre 600 et 1.000 €, de quoi obtenir une moto vintage et économique pour vraiment pas cher.
