Essai

En vidéo

En créant les motos Bonneville Bobber et Bobber Black, deux machines de 1200 cm3 aux aptitudes dynamiques et mécaniques surprenantes dans un segment custom dominé jusqu’alors par les productions américaines, Triumph a marqué les esprits. Au point qu’en toute objectivité, on peut avancer que les machines du Vieux continent n’ont plus à rougir face à celles venues des États-Unis. C’est donc avec une certaine excitation que nous avons pris les commandes de cette « Maîtresse de la vitesse », en Californie, La Mecque du custom.
Avec sa ligne basse, son large guidon chromé « beach bar », sa grosse roue avant « ballon » de 16 pouces et son élégant moteur aux ailettes polies, ce cruiser d’inspiration « néorétro-custom » en impose.
La finition générale de haut niveau ne fait que confirmer ce propos : intégration discrète du câblage, qualité des traitements de surface des différents carters et autres éléments de carrosserie, colliers d’échappement à ailettes d’inspiration très classique, c’est du bien bel ouvrage !
Contrairement aux Bobber, la Speedmaster comporte une selle passager même si celle-ci paraît quand même un peu ferme et étriquée pour les longues virées. L’assise du conducteur, elle, est légèrement plus confortable et n’interdit pas les grandes distances. L’ergonomie, est moins radicale que ce que l’on pourrait penser. Cette machine garde une philosophie custom (on cherche un peu le sélecteur de vitesse au début, situé très en avant…) mais sans tomber dans la caricature. À l’arrêt, même si les 245 kg de la bête sont présents, le centre de gravité bas et le fait d’être assis à 70 cm du sol font un peu oublier ce poids. Nul besoin d’être très grand, donc, pour chevaucher ce custom. En roulant, on note une position de conduite détendue. Le buste est presque droit, les bras finalement pas très éloignés du guidon, juste en dessous du niveau de la poitrine. Les jambes, enfin, ne sont ni trop pliées ni trop déployées.

À l’aise en ville
Cette position relax ne permet guère de rouler au-delà de 110 km/h, seuil critique à partir duquel la prise au vent vous gonfle tel un spinnaker face à la bourrasque ! Vous l’aurez compris, rouler à des allures autoroutières n’est pas agréable, à moins d’opter pour le pack « Highway » comprenant notamment un pare-brise « LAPD » (façon police de Los Angeles).
La Speedmaster est bien plus à l’aise en zone urbaine ou en balade. En ville, la belle se montre en effet docile et souple.
Elle bénéficie également d’un rayon de braquage court, mais d’un guidon un poil large au moment de remonter les files…
En revanche, son centre de gravité bas, associé à un twin souple au pas, en fait une bonne machine pour circuler dans les agglomérations et leur périphérie.
C’est toutefois au moment de « cruiser » le nez au vent sur le réseau secondaire que l’on prend le plus de plaisir au guidon de cette anglaise. On profite sans retenue de sa partie-cycle enjouée et du caractère du bicylindre 1200 « High Torque » qui délivre puissance et couple avec vigueur tout en privilégiant ce dernier. C’est dans la zone située entre 2 500 et 5 500 tr/min que le twin offre le meilleur de lui-même. Et s’il propose 77 chevaux dans le haut du compte-tours, on n’a pas vraiment envie d’aller les solliciter, ni donc de cravacher la boîte par ailleurs douce et précise.

Freinage correct
Côté suspensions, on retrouve la fourche avant du Bobber, mais ici avec un réglage de précharge de l’amortisseur à l’arrière. Il n’est donc guère étonnant de retrouver les sensations et l’équilibre de la « Black ». Créer une moto saine et relativement précise avec une roue avant de 16 pouces et clairement orientée custom est en effet remarquable, même si la garde au sol s’avère encore un peu juste pour nos routes européennes.
Concluons par le freinage, un système en tout point identique à celui du Bobber Black et donc tout aussi convaincant en attaque et en puissance à l’avant. Il l’est un peu moins à l’arrière, mais compte tenu de la philosophie de l’engin et donc du rythme qu’elle induit, on en a largement plus qu’il n’en faut.

Le Verdict
Cette Triumph Bonneville Speedmaster est séduisante dans son genre, très bien finie, confortable et dotée d’un certain caractère moteur. Elle entre par la grande porte dans le segment des cruisers malgré son tarif haut perché : 14 650 € pour notre modèle d’essai…
Il nous tarde maintenant de la confronter à sa rivale désignée, la Harley-Davidson Sportster 1200 Custom, moins chère (12 550 €) et profitant d’une aura particulière.

Publicité
Fiche technique

Triumph Bonneville Speedmaster
(Données constructeur)
Moteur
- bicylindre parallèle à 270° refroidi par eau, 4T, 1 ACT, 4 soupapes par cylindre
- Cylindrée (al. x cse) : 1200 cm3 (97,6 x 80 mm)
- Puissance maxi : 77 ch à 6 100 tr/min
- Couple maxi : 10,8 m.kg à 4 000 tr/min
- Alim./dépollution : injection/Euro 4
- Boîte de vitesses : 6 rapports
- Transmission finale : par chaîne
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 2 disques Ø 310 mm (2 opp.) ABS
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 255 mm (1 opp.) ABS
- Pneus Av-Ar : 130/90-16 - 150/80-16
- Réservoir (réserve) : 12 litres (nc)
- Poids à sec : 245,5 kg
- Hauteur de selle : 705 mm
Pratique
- Coloris : Jet Black, Cranberry red, Fusion white & Phantom black with twin coach line
- Garantie : 2 ans pièces et M.O., assistance
- Prix : 14 350 € (noir), 14 475 € (rouge), 14 650 € (noir/blanc)