Le bilan définitif de « l’accidentalité routière » pour l’année 2015 (les statistiques d’accidents de la route) indique que le nombre de morts sur les routes françaises est reparti à la hausse par rapport à 2014. Il s’établit à 3 461, soit une augmentation de 2,3 % par rapport à l’année précédente.

Un mauvais bilan plombé par l’accident d’autocar de Puisseguin survenu en octobre dernier. Les 43 personnes victimes de cet unique accident représentent plus de la moitié des 77 victimes supplémentaires de la route en 2015 par rapport à 2014.

Des usagers vulnérables… mais aussi responsables
Les catégories dont les chiffres s’améliorent en 2015 sont les motards, les cyclistes et les piétons. Tous enregistrent une baisse de leur mortalité. Chez les cyclistes elle recule de 6,3 % (-31 décès), chez les piétons de 6,2 % (-10 décès) et chez les motards de 1,8 % (-11 décès).

Cette catégorie a enregistré sur les 5 dernières années une baisse de sa mortalité de 12,8 %. Le nombre de morts est passé de 704 en 2010 à 614 en 2015.
Fidèle à son habitude, la Sécurité routière minimise immédiatement la portée de ce bon résultat en indiquant que les motards « ne représentent qu’une faible proportion du trafic et une grande proportion des tués ».

Les automobilistes moins préservés et les autoroutes moins sûres
Les chiffres des automobilistes se détériorent en 2015 avec 1 796 décès, soit 51,9 % de l’ensemble des morts. Le bilan indique également que 21 % d’entre eux ne portaient pas la ceinture de sécurité.
Parmi les mauvais résultats de ce bilan nous avons également noté la forte augmentation de la mortalité sur le réseau autoroutier, pourtant réputé pour être le plus sûr et le mieux entretenu de l’Hexagone.

Augmentation de la vitesse sur autoroute
Dans la famille sensationnalisme, la Sécurité routière n’a pas hésité à abattre la carte de la « dérive des comportements dangereux » en pointant du doigt les +4 km/h enregistrés sur les autoroutes limitées à 130 par rapport à 2012 et les +2 km/h sur celles limitées à 110. Voilà de quoi justifier l’implantation des radars.

Les enseignements de ce bilan sont clairs pour la Sécurité routière : ils « viennent conforter la pertinence du plan gouvernemental de 26 mesures en faveur de la sécurité routière présenté (…) par Bernard Cazeneuve et les 55 mesures décidées lors du comité interministériel ». Tiens donc !

L’analyse de Marc Bertrand, Chargé de mission sécurité routière à la FFMC

« Ce bilan démontre qu’en matière de sécurité routière, la Fédération française des motards en colère (FFMC) a raison et que la délégation à la sécurité routière continue à se mettre le doigt dans l’œil !

Que dit ce bilan ? Que l’accidentalité des motards est en baisse continue alors que celle des automobilistes remonte… et pourtant, les automobilistes sont flashés devant-derrière, ils passent leurs véhicules au contrôle technique, les autos sont équipées de l’ABS, de l’airbag et plein de machins sensés améliorer la sécurité routière…

Et avec la FFMC, que font les motards pendant ce temps-là ? Ils parlent de la formation du conducteur, du partage de la route, de leur vulnérabilité, ils s’équipent plutôt bien alors que rien ne les y obligent encore… bref, ils s’occupent de sécurité routière et ils envisagent ces questions positivement, par leurs propres pratiques. Toute la différence est là et elle est énorme ! Les motards sont les conducteurs les plus impliqués dans leur acte de conduite et ça se traduit par des chiffres de mortalité en baisse chaque année.

De l’autre côté, les automobilistes auxquels le gouvernement parle comme à des enfants de moins de 5 ans, par la menace du croquemitaine qui va venir leur prendre points, se sentent à tort en sécurité et relâchent leur vigilance. Sur la route, ça se traduit par du téléphone en conduisant, l’oubli des rétroviseurs et des clignotants, beaucoup de chacun pour soi et au final, les chiffres que l’on commente ici. »

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