Stars du jour, les hommes en uniforme. Ils sont aujourd’hui notamment censés sensibiliser les motards aux dangers accrus de la remontée de files dans une circulation aussi dense que lors des grands départs en vacances.

Spécial vacances et spécial motards
Nous arrivons à 15 heures au péage de Senlis (Oise), sur l’autoroute A1 en direction de Paris. Nous avons été invités à assister à cette opération de « prévention » spéciale pour les départs en vacances. Notre présence est justifiée par un volet de contrôles « spécial motos », concernant plus exactement les remontées de files. Une aubaine pour nous, car nous allons enfin voir en direct le dispositif de « nasse » dont nous parlent souvent des lecteurs pris sur les autoroutes franciliennes, alors qu’ils circulent entre les voitures. Une pratique devenue courante, hélas encore considérée comme interdite par le Code de la route*.

« Nous allons contrôler les remontées de file »
Nous rencontrons, sur place, le commissaire Alexis Marsan, en charge de l’ensemble du dispositif, et nouvellement nommé conseiller technique auprès de Cécile Petit, la déléguée interministérielle à la sécurité routière. Le commissaire est déjà bien accaparé par la forte présence des télévisions, radios et organes de presse écrite.

« Nous allons effectuer des contrôles de pesée et de vitesse sur les autocars, mais aussi de remontée de files pour les motards », confirme-t-il. « Cela fait partie des contrôles de départs en vacances. Le motard va se retrouver dans un flux de circulation important, ce qui implique un risque supplémentaire d’accident. » Les motards opéreront entre Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et Porte de la Chapelle (Paris). « Une moto banalisée va remonter les files à faible allure et signaler le contrevenant à une patrouille de motards, explique Alexis Marsan. Nous n’allons pas verbaliser, mais nous cherchons à démontrer au motard que rouler trop vite entre les files, c’est être criminel pour soi-même. »

Devant les caméras, poids-lourds et caravanes passent à la pesée. Nous attendons toujours d’assister à la mise en place de la « nasse à motards ».

Conformité de la moto : « La partie sanction »
Une fois arrêtée, une vérification complète de la moto va être faite. « C’est la partie sanction, visant principalement l’équipement de la moto, poursuit le commissaire. On vérifie les clignotants, les optiques, les rétros, les pots, les pneus, tout ce qui touche à la sécurité. Et je suis inflexible sur ce point ! » De quoi regretter de ne pas avoir préféré le train ce jour-là... « On n’est pas là pour pénaliser pour rien », se targue le directeur des opérations. Mais de quelle opération s’agit-il précisément ?

300 CRS et policiers, mais aucun ne semble au fait de l’opération de « prévention » pour les motards. Elle n’existe pas ! On nous propose d’en simuler une pour la photo. Le scénario de la mise en scène ne nous plaît pas, et nous refusons bien sûr le rôle que l’on voudrait nous y faire jouer.

Nouvelle arme : la moto banalisée fantôme
À 17 heures, soit deux heures après le rendez-vous, le départ est donné à la dizaine de motards de la police attendant au péage. Les journalistes vont enfin être conduits vers un point de contrôle ! Mais au bout du compte, il s’avère que la moto banalisée, ainsi que tout le dispositif de contrôle moto sur l’A1, n’existe pas ! Nous avons même la surprise d’apprendre que les deux motards de la police censés nous accompagner sur les lieux de contrôle vont procéder à une arrestation rien que pour notre photographe... Nous n’acceptons évidemment pas de rentrer dans ce jeu. Une question de candide nous vient alors à l’esprit : les médias ne seraient-ils présents sur les opérations de police que pour servir la communication ?

Nous décidons de laisser les cars de tourismes, caravanes et autres camions s’agglutiner devant la balance de pesée au péage de Senlis. Ainsi que les journalistes de BFM TV, France2, M6, RTL et Le Parisien qui remplissent leurs journaux de ces « spectaculaires » infractions. Qui a dit répression spectacle ?

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