Êtes-vous contre le principe de l’assainissement du parc moto circulant ?
- On ne peut pas être contre. Mais cette procédure VE n’est pas adaptée aux deux-roues. Et l’on sait par expérience que certains critères de dangerosité ne le sont pas en deux-roues. Nous souhaitons nous entretenir avec le cabinet du secrétaire d’État aux Transports afin de lui apporter des éléments fiables de réflexion en tant qu’experts deux-roues.

Comprenez-vous la démarche des chambres d’experts qui ont collaboré à la mise en place du texte ?
- Les experts sont des hommes de l’art. Ils y ont vu un moyen d’assainir le parc, sans doute salutaire. Mais ils ne se sont pas rendus compte que, si le but était bon, la procédure pour y parvenir ne l’est pas. On met toujours la charrue avant les bœufs, on pond une procédure et on voit ensuite comment elle est perçue.

Les policiers ont-ils les compétences pour estimer si un véhicule est dangereux ?
- Sur un deux-roues, il faut être affûté. On se demande comment quelqu’un dont ce n’est pas le métier pourra estimer si un deux-roues est dangereux. -L’expert est un homme de l’art, il peut signaler de graves défauts. Mais en faire un critère pour interdire le véhicule de rouler et bloquer la carte grise, c’est une situation extrême. On voit très bien, avec le contrôle technique auto, que certains critères n’empêchent pas la voiture de rouler. C’est une procédure mal organisée.

Est-ce un contrôle technique déguisé ?
- Oui, et il coûtera cher. Les frais d’expertise sont évalués à 350 € en incluant deux visites. Quand c’est dans le cadre d’un accident, l’assurance les prend en charge. Pas dans le cadre d’un contrôle routier.

Quelles actions envisagez-vous ?
- L’application aux deux-roues de la procédure VE ne nous paraît pas envisageable. Nous demandons un moratoire de 3 ans pour réfléchir. Nous répondons présent aux réunions de travail au secrétariat d’État aux Transports mais elles ne sont pas nombreuses.
- Nous exigeons de circonscrire les vérifications de l’expert aux seuls éléments de sécurité, à l’exclusion de tout contrôle et vérification de conformité, sans rapport avec la sécurité des usagers de la route. Le travail de l’expert n’est pas inutile mais il faut limiter sa compétence et ne pas engager sa responsabilité. Le gouvernement risque de promulguer un système répressif contraignant, qui coûtera très cher à l’usager.

Propos recueillis par Nicolas Grumel

Troisième partie du dossier : « Un avant-goût de contrôle technique », interview de Philippe Leduncq, membre du bureau national de la FFMC. Il explique pourquoi l’association de motards se prononce résolument contre cette nouvelle forme de contrôle technique.

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