Été 2008. Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, annonçait en grande pompe le lancement des tests salivaires pour détecter la consommation de produits stupéfiants chez les conducteurs. Concernant la détection du cannabis - la première drogue visée car la seconde consommée après l’alcool -, la fiabilité des kits mis à disposition des forces de l’ordre était alors déjà remise en question par certains spécialistes.

Faux positifs, faux négatifs
« Sur le principe, c’est bien car [ces tests vont] permettre beaucoup plus de dépistages (…) mais il fallait attendre un peu car les tests actuels ne sont pas assez sensibles pour détecter correctement le cannabis », affirmait à l’époque le Dr Patrick Mura, président de la Société française de toxicologie analytique.
Quelle que soit la drogue, il mettait aussi en garde contre le risque de voir « des faux positifs et des faux négatifs ». « Si vous prenez un sirop pour la toux comme le Néocodion, vous serez positif aux opiacés », soulignait-il.

Problèmes de lecture
Un an et demi après, les craintes du Dr Mura concernant les « faux positifs » sont confirmées. S’il est difficile de recueillir des informations sur la sensibilité réelle des kits de test*, il s’avère que la lecture du résultat pose problème : en cas de résultat négatif, un trait coloré apparaît sur le test, mais il est parfois presque invisible. Alors, selon la gendarmerie, citée par Auto-Plus (éd. du 22/12/09), ce sont 12 % à 15 % des usagers contrôlés positifs qui l’ont été à tort !

Mais les responsables de la maréchaussée estiment qu’il vaut mieux « un test perfectible que rien du tout ». Pas sûr que les conducteurs qui se sont vu accusés à tort, et dont le permis et le véhicule ont été provisoirement confisqués durant 3 à 5 jours (selon la procédure et le temps d’effectuer les analyses sanguines de confirmation), jugent l’injustice avec autant de mansuétude…

(*) passez le pointeur de votre souris sur la photo pour visualiser un exemplaire

Publicité