Il est loin le temps de la 125 « AR » 2-temps de 1998 qui crachait 22 chevaux et une fumée bleutée à chaque coup de kick... Loin aussi celui des franges virevoltantes au guidon des customs Eliminator 125 qui faisaient le bonheur des automobilistes à l’époque de l’équivalence sans formation ! En 2019, ce sont les jeunes qui n’ont pas connu ces modèles et ces phénomènes de mode que Kawa souhaite voir dans ses concessions... Après avoir raté son retour sur le segment il y a 4 ans avec un Supermotard à roues de 14 pouces, baptisé D-Tracker, Kawasaki reprend une formule éprouvée chez les concurrents : celle du roadster et de la sportive calquée sur les grandes sœurs pour faire patienter jusqu’au permis B. Hormis les machines d’enduro, les 125 cm3 sont aujourd’hui animées par un monocylindre 4-temps ne dépassant pas les 15 chevaux (11 kW), la limite légale pour les permis B avec une formation de 7 heures. Kawasaki n’y déroge pas et propose pour ces deux nouvelles machines dotées d’un mono 4 soupapes refroidi par eau – et développant donc 15 chevaux – monté dans une partie-cycle similaire. La mini Ninja et la petite Z adaptent la recette en fonction de leur famille respective : guidons bracelets refermés et petit carénage pour la Ninja ; large guidon et phare au look manga pour la Z. Elles avoisinent toutes deux les 146 kg avec 11 litres d’essence. Une fois en selle, les di érences sont pourtant évidentes.
Si toutes deux présentent des dimensions riquiqui, la Ninja dispose d’une selle plus basse (785 contre 815 mm). La Z propose, quant à elle, une assise plus confortable ainsi qu’une position buste droit plus naturelle, quasi parfaite pour la guider dans le trafic.

L’agilité d’un Ninja
Sur la route, les parties-cycles se comportent idéalement. Le cadre, un treillis tubulaire surdimensionné, apporte de la stabilité, et les suspensions (seul l’amortisseur est réglable en précharge) montrent un amorti de qualité, sans doute le meilleur du segment, sans recourir à une fourche inversée de gros diamètre.
Lancée à pleine vitesse sur un parcours de gymkhana, cette partie-cycle nous a franchement bluffés par sa neutralité et sa maniabilité, un atout indéniable pour les urbains en quête d’une machine confortable qui braque bien pour se faufiler. Le freinage, d’apparence léger, a fait preuve d’une bonne progressivité et s’est montré particulièrement rassurant tout au long de notre essai sur route mouillée. Tout juste manque-t-il de puissance en fin de course du levier. Les étriers 4 pistons à fixation radiale des Yamaha MT125 et autre KTM Duke font légèrement mieux, en look comme en performance dès qu’il s’agit de se la jouer « sportif ».

Petit coeur en piste
Kawasaki avait mis les petits plats dans les grands en nous proposant d’effectuer quelques tours de circuit en compagnie de la première femme championne du monde de vitesse, Ana Carrasco. Si l’expérience du coaching personnalisé avec la souriante championne de 21 ans était intéressante, force est de constater que la petite Kawasaki en a légèrement moins dans le ventre que ses concurrentes côté moteur. Malgré une boîte précise, l’absence totale de vibrations dans les commandes et une sonorité plutôt musicale, elle reste handicapée par des montées en régime lentes et sans panache comme un manque d’allonge sur les derniers rapports. Son poids, légèrement supérieur à la concurrence lui porte sans doute aussi préjudice en vitesse de pointe : 117 km/h compteur au rupteur, c’est peu pour une Ninja.

Le verdict
Si ces deux Kawasaki n’égalent pas les Yamaha et KTM côté performance ou équipement, elles sont des plus maniables et des plus confortables. Elles constituent néanmoins deux montures attractives pour les jeunes fans de Ninja et de Z. Face aux Suzuki GSX-R et GSX-S, plus directement comparables en matière d’accastillage, elles souffrent d’un tarif supérieur de 500 €. La concurrence est rude pour s’attirer les vieux motards de demain...