Madame Jollivet sur une Werner, dans les derniers mois du XIXe siècle.
Pour les puristes du deux-roues, Madame Jollivet pourrait bien être la première motarde de course. Elle a été remarquée pour sa dextérité au guidon et son indispensable coup de jarret pour maintenir l’allure dans les côtes. Son engin, plus proche du Vélosolex que de la moto, est une création de l’entreprise Werner frères et compagnie. Les deux frères Werner, nés en Ukraine, et installés à Paris seraient à l’origine du dépôt d’un brevet de bicycle motorisé baptisé « motocyclette ».
On voit Mme Jollivet dans l’équipe du constructeur Pécourt, vainqueur de quelque ville-à-ville aux alentours de 1902. Elle aurait également appartenu à l’écurie Griffon, firme sportive habituée aux sommets des classements entre 1902 et 1912. À noter que l’élégant chapeau marque le souci de Mme Jollivet de préserver sa coiffure… à défaut de sa tête.

 

Muriel Hind et Blue Devil en 1909.
Un peu avant la Première Guerre mondiale, la jeune Anglaise s’illustre dans diverses épreuves de trial et de côte. La firme Rex Motor Manufacturing Co lui construit une moto à cadre ouvert vite, surnommée Blue Devil. Cette machine connaîtra un drôle de destin. Son époux Richard Lord, pilote Rex Motor, décidera de récupérer le moteur de la bête et de laisser le cadre dans un coin pour animer une tondeuse à gazon de sa fabrication pour leur maison de Coventry. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la bécane reconstituée est confiée aux bons soins du Murray’s Museum dans l’île de Man.

 

Marjorie Cottle, aux Six Jours Internationaux à la fin des années 20.
En 1924, la brune demoiselle britannique se fait remarquer au cours d’une randonnée publicitaire au guidon d’une 348 cm3 de la marque Raleigh, plus connue aujourd’hui pour ses vélos. Marjorie connaît la consécration dès 1925 : elle fait partie de l’équipe victorieuse de la catégorie 350 cm3 lors de la première édition des Six Jours d’Écosse, sur Raleigh toujours. Mais son principal titre de gloire est un nouveau coup publicitaire de la firme, en 1926 : en 11 jours, parcourant 2 200 km aux commandes d’une machine de 174 cm3 à soupapes latérales, elle prend les routes et les chemins qu’il faut pour tracer le mot « Raleigh » sur le territoire anglais. Du GPS Drawing avant l’heure. Elle poursuivra une belle carrière jusqu’à la guerre.

 

L’inénarrable Violette Moriss, la seule femme à avoir gagné le Bol d’Or.
C’était en 1927, dans la catégorie… « voitures de course 1100 cm3 » ! Elle pratiqua aussi la moto, comme en témoigne ce cliché des années 20. Notamment pour le compte de la maison Jean Thomann. Violette fut l’un des piliers des tout premiers Bol d’Or, auxquels elle participe en cyclecars. Elle soulève l’enthousiasme des foules et cultive avec soin son « mauvais genre » : elle a les cheveux courts, s’habille en homme et fume ! Elle serait allée jusqu’à se faire ôter les seins, appendices qu’elle jugeait embarrassants pour l’exercice de sa profession ! Plus tard, Violette tournera mal pour de bon : elle sera mêlée à une affaire de meurtre puis fréquentera la Gestapo.

Texte : Dominique Coulette

Retrouvez ici, notre deuxième volet consacré aux motardes majeures !

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