La taille pour les deux-roues
Suivant la date butoir de la directive européenne, la Belgique pourrait imposer le contrôle technique aux motard(e)s et scooteristes dès le 1er janvier 2022.
En 2018, le plat pays comptait environ 459 000 deux-roues immatriculées. Autant dire qu’il y aura du pain sur la planche pour les garagistes et autres centres de contrôle « agréés ».

« Même si cela ne va pas révolutionner la sécurité routière, une telle obligation est une bonne chose » commente Benoit Godard, responsable communication de VIAS (ex IBSR - Institut belge pour la sécurité routière). « Le nombre de tués chez les motards n’a quasiment pas évolué au cours des cinq dernières années. Cette situation contraste avec celle des occupants de voitures, pour lesquels nous constatons une diminution de 30% au cours de la même période »

Très rares défaillances techniques
Comme le reconnaît lui-même le porte-parole de la sécurité routière belge, un contrôle technique moto ne va rien révolutionner : d’après plusieurs études, les défaillances techniques ne seraient à l’origine que de 0,3 à 5% des accidents de deux-roues. Une donnée qui laisse perplexe quant à l’impérieuse nécessité d’imposer un contrôle technique moto, intérêts économiques des acteurs du secteur mis à part.

On peut rajouter qu’en comparant la mortalité à moto et en voiture, l’argumentaire de la sécurité routière belge s’embrume. Faute de carrosserie, l’utilisateur de deux-roues est évidemment par nature plus exposé au risque que l’automobiliste et rendre le contrôle technique obligatoire ne changera rien à cette donnée. Sensibiliser par contre les autres usagers aux spécificités du 2-roues et à l’impérieuse nécessité d’être vigilant à leur environnement pourrait par contre bien porter ses fruits. On ne parlera pas non plus de l’état des chaussées, des dangereuses glissières métalliques, et des obstacles fixes, véritables usines à décès.

La FFMC (Fédération française des motards en colère) considère elle aussi qu’une telle mesure est sans lien avec la sécurité routière.

Un « CT » pas encore au point
Les modalités sont encore discutées actuellement, afin de définir une grille de points techniques à passer au crible. Et ce n’est pas une mince affaire compte tenu des différences qui peuvent exister d’un 2-roues à l’autre. Les pneus, freins, amortisseurs et éclairages seront le minimum syndical du contrôle.
S’ajoutera ensuite le niveau sonore des silencieux qui, en dehors des membres du fan club des pots Akrapo-wish, risque de stigmatiser certaines cylindrées plus bruyantes que d’autres. Quels critères seront pris en compte ?
On attend également des précisions sur la fréquence des contrôles et le parc de deux-roues concerné (récent ou ancien).

Après la Belgique, la France ?
On en parlait il y a 6 ans sur Motomag : 2022 était déjà évoquée comme année charnière du contrôle technique moto. Les états membres ont le choix d’exclure le contrôle « s’ils présentent des mesures de sécurité routière efficaces de remplacement, en tenant compte en particulier des statistiques des cinq dernières années sur la sécurité routière ».

Qu’on se le dise, il faut craindre que la France n’y échappe pas. La mobilisation des motards pourra par contre peser dans la balance comme cela a déjà été le cas par le passé. La FFMC se tiendra évidemment prête.

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