À quatre mois des élections municipales 2020, les prétendants à la mairie de Paris dégainent leurs propositions. Parmi eux, Pierre-Yves Bournazel, député de la 18e circonscription de Paris, annonce vouloir rendre payant le stationnement des 2-roues motorisés dans la capitale. Le prix du stationnement résidentiel serait de 50 centimes par jour (les automobilistes payent actuellement 1,50 €/jour après s’être acquittés des 45 € d’abonnement annuel - 90 € pour 3 ans - pour la carte résident dématérialisée). Pour les non-résidents, l’heure de stationnement serait facturée 1,30 € dans le centre et 80 centimes dans les arrondissements périphériques.

« Réguler l’explosion »

Dans un entretien récent avec nos confrères du Parisien, l’élu Agir explique vouloir trouver « des solutions à des problèmes qui n’ont pas été réglés jusqu’ici. Aujourd’hui, l’espace public est saturé, bruyant mal entretenu et devient stressant à vivre pour les Parisiennes et les Parisiens. »

Sans craindre de tomber dans le poncif, Pierre-Yves Bournazel souhaite « réguler l’explosion des 2-roues motorisés qui génèrent de la pollution et du bruit ». Il brosse ainsi dans le sens du poil la frange la plus dure des écologistes. Ceux-ci voudraient rendre le recours aux véhicules thermiques individuels le plus onéreux possible (coût du stationnement, taxe sur les carburants) afin d’en détourner les usagers au profit des transports en commun. PY Bournazel entend donc instaurer le stationnement payant pour nos 2-roues et déposera une proposition de délibération en ce sens au prochain Conseil de Paris, prévu du 12 au 14 novembre 2019. Il annonce, parallèlement, deux concessions bien maigres : engager des travaux pour créer 15 000 places de stationnement sécurisées pour les 2-roues motorisés qui « disposeront ainsi de 50 000 places dédiées dans toute la ville » et accorder 600 € d’aide pour l’achat d’un 2-roues électrique.

Déstabiliser Anne Hidalgo ?

« Il est clair que M. Bournazel veut déstabiliser la maire de Paris, Anne Hidalgo, en tentant de faire voter le stationnement payant avant la fin de la campagne pour les municipales, juge Jean-Marc Belotti, le coordinateur de la Fédération française des motards en colère Paris-Petite couronne. Il prend donc un coup d’avance sur Hidalgo. »

Sur le fond, notamment la problématique de la pollution à laquelle les motards, très exposés, sont évidemment sensibles, « M. Bournazel parle de ce qu’il ne connaît pas, estime encore Jean-Marc Belotti. Il s’appuie juste sur l’étude de l’ICCT [une organisation américaine] dont les chiffres sont totalement manipulés. Même la ville de Bruxelles, qui l’a regardée de près, doute de sa légitimité. Et puis en ville, un 2-roues motorisés roule beaucoup moins longtemps qu’une automobile pour parcourir la même distance. Sans oublier qu’au niveau national, les 2-roues motorisés représentent 2 % de la circulation et, au niveau de Paris-région parisienne, 14 ou 15 %. Il faut donc énormément relativiser. Mais on n’est pas dupes : les candidats aux municipales pensent tous au stationnement payant ! ». Pour mémoire, Charenton-le-Pont et Vincennes y sont déjà passés depuis 18 mois.

La FFMC demande donc le maintien du stationnement gratuit. « Même s’il utilise un moteur thermique, le 2RM reste une solution pour désengorger nos villes. L’utilisation de 2-roues par quelques-uns facilite la mobilité de tous et a donc un impact positif sur la pollution globale imputable aux transports. »

Pas le premier

Pierre-Yves Bournazel n’est pas le premier à prôner le stationnement payant. D’autres élus, responsables locaux et/ou candidats annoncent régulièrement y être favorables. À l’instar de l’adjoint au maire chargé des transports, Christophe Najdovski, qui en a fait un cheval de bataille récurrent.

Même l’actuelle maire de la ville, Anne Hidalgo semble céder aux sirènes du payant pour les motos et scooters. D’humeur changeante sur le sujet quand elle était candidate, la maire s’est ensuite engagée, une fois en poste, à maintenir la gratuité le temps de sa mandature. Le 23 septembre dernier, elle indiquait néanmoins vouloir réétudier la question.

Pas de doute, la bataille des municipales est bien lancée.

La FFMC a immédiatement initié une pétition contre cette mesure.

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