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L’aide du mécano de Sébastien Loeb

Il a fallu remonter les cale-pieds de la Multistrada de 5 cm, comme le font les Américains, car sinon ils frottent dans les virages et empêchent de prendre suffisamment d’angle. Le souci est que même avec le sélecteur monté au plus haut, je n’arrivais pas à passer les vitesses. C’est José, mécanicien de Sébastien Loeb, qui a coupé, modifié et ressoudé mon sélecteur. C’était un gros boulot à cause de l’alliage difficile à souder, il y a passé une demi-journée, un grand merci à lui !

Le mardi 25 juin ont eu lieu les vérifications, puis le mercredi, jeudi et vendredi les essais officiels, une journée sur chaque partie, basse, moyenne et haute. Ma portion préférée, c’est la partie haute, la plus rapide. À un moment il y a deux grands courbes aveugles qui se passent à fond en descente, j’adore ça ! Sur cette partie, j’étais plus rapide de 6 secondes que Micky Dymond (pilote Américain, parmi les favoris).
Lors de ces essais officiels je n’ai jamais pu rouler derrière Micky Dymond, c’était déjà le cas l’an dernier. Eux roulaient derrière moi, moi pas. Tant pis, c’est le jeu. Cette année j’étais confiant, je savais que j’étais le plus rapide.

Couper les lignes

L’an dernier, j’ai parcouru environ 2.000 km en essais, cette année j’en ai fait moins mais maintenant j’ai parfaitement mémorisé le parcours, je connais chaque virage, chaque enchaînement. J’utilise toute la piste, et avec une certaine trajectoire, j’arrive même à couper les lignes peintes du bord de la route à pleine vitesse sur l’angle, ce que ne se risquaient pas à faire mes concurrents. Micky l’a tenté et il est tombé.

En termes de stratégie, j’ai fait le contraire de l’an dernier : en 2012, j’avais assuré aux essais et attaqué plus en course, et je suis tombé deux fois. Cette année, j’ai attaqué très fort aux essais, et j’ai gardé une marge lors de la course, en assurant chaque freinage et chaque accélération, pour ne faire aucune erreur. Lorsque j’ai vu de la poussière sur le bas-côté à un moment, j’ai compris que Micky, qui partait devant moi, était tombé, et j’ai franchi le premier la ligne d’arrivée.

Américains énervés

Carlin Dunne a fait un meilleur temps avec la moto électrique, c’est normal car le moteur électrique est insensible aux variations d’altitude et garde toute sa puissance d’un bout à l’autre du parcours, alors qu’un moteur atmosphérique perd jusqu’à 50 % de sa puissance sur la partie haute. Les motos électriques courraient en classe exhibition, elles étaient donc non classées.

Ce, d’autant plus que sa moto est de type Superbike, et que les Superbikes sont interdites à Pike Peaks. C’est pour cela que je roule en Multistrada et pas en Panigale. Mais la moto non classée est apparue devant moi au classement final, car les Américains étaient déjà énervés de la victoire (avec pulvérisation du record) de Sébastien Loeb, alors deux Frenchies vainqueurs, ce n’était pas admissible pour eux ! Il a fallu que mon concessionnaire aille plaider ma cause et leur ressorte le règlement : c’est bien moi qui ai gagné Pikes Peak !

Combien ça coûte ?

Le coût total de participation : environ 10.000 €, moto non comprise bien sûr. Si j’ai un conseil à donner à ceux qui veulent courir à Pikes Peak, c’est d’arriver sur place au moins deux semaines avant la course afin de s’acclimater à l’altitude, qui provoque maux de tête, saignements de nez et étourdissements.

Vivement 2014 !

J’y retourne l’année prochaine bien sûr, toujours avec la victoire comme objectif, mais j’y retourne aussi parce que c’est le plus beau parcours du monde, parce que les gens sur place sont accueillants, passionnés. Il faut voir le jour précédent la course l’exposition des véhicules, tout le centre-ville est bloqué pour cela, il y a des milliers de personnes (Colorado Springs : 600.000 habitants).

L’ambiance est extra, et le top c’est quand on redescend la montagne au ralenti après la course. Les gens qui se sont installés tout le long du parcours, dès la veille, qui ont regardé passer les motos et autos toute la journée dans le froid, parfois sous la pluie et même sous la neige, attendent jusqu’à 20h la descente pour taper dans la main des pilotes et les remercier pour le spectacle. C’est fabuleux !

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