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Motard d’un jour à Nantes : un belge en invité Motard d’un jour à Nantes : la remontée de file Belge Belgique pro-moto : plus de bras nus Motard d’un jour à Nantes : une ville en pointe !

MM : Malgré sa situation politique instable comment la Wallonie gère la sécurité routière ?
PG : Nous avons deux ministres. Un ministre de la mobilité et un ministre des travaux publics qui ont en responsabilité la sécurité routière dans leurs missions. Le ministre, Benoît Lutgen, est d’ailleurs motard. La prise en compte des spécificités des deux-roues motorisés est réelle et de vraies actions, envers les motards, sont menées. En 2011, par exemple, deux millions d’euros ont été débloqués pour l’amélioration des infrastructures routières dangereuses, comme les rails de sécurité.
Le ministère subventionne aussi des associations qui font de la prévention pour les jeunes dans les écoles.

MM : Il y a t-il un équivalent du CISR en Wallonie ?
PG : Oui, cela s’appelle le Conseil Supérieur de la Sécurité Routière et il regroupe des représentants de toutes les associations qui s’occupent de sécurité routière. Des groupes de travail sont organisés pour chaque secteur et bien sûr il est prévu d’en créer un spécifiquement pour la moto. Les intervenants y sont écoutés et leur expérience est la bienvenue.

MM : Quelles sont les dernières décisions qui ont été appliquées en faveur des deux-roues motorisés ?
PG : La remontée des files est légalisée sous certaines conditions. Elle est limitée à 50 km/h et le différentiel de vitesses ne doit pas être supérieur à 20km/h ; le stationnement sur les trottoirs sans qu’il gêne les autres usagers et en laissant au moins 1m50 de passage ; l’utilisation des couloirs de bus est autorisée mais avec l’accord du gestionnaire local de la voie concernée.
L’autorisation pour les deux-roues motorisés d’emprunter les voies réservées aux transports en commun comme par exemple ce que nous avons pu voir tout à l’heure à Nantes avec les voies de votre Busway.
Les enfants en dessous de 3 ans ne peuvent être transporté sur un deux-roue motorisé. Entre 3 et 8 ans, ils sont autorisés mais avec un siège adapté et sur une moto de 125 cm3 maximum.

MM : Dans votre pays, quelles sont les lois en vigueur pour les équipements de sécurité ?
PG : Depuis le 1er septembre, au delà du casque ce qui est obligatoire c’est une veste à manche longue, un pantalon, des gants et des chaussures qui couvrent au minimum la cheville. Ce qui est dommage pour moi c’est que ces obligations ne sont pas assez précises. Il aurait fallu exiger que ces vêtements soient spécifiquement conçus pour la moto. En exagérant, tu peux circuler avec un ciré de pêcheur mais je ne vois pas en quoi cela va protéger ! L’objectif de cette loi était d’éviter de voir des motards en short et en tong. Il faut d’ailleurs noter qu’en été juste avant la sortie de la loi les motards de la police belge étaient en chemisette…

MM : Quel est l’objectif de ta venue à Nantes ?
PG : Je dois moi aussi informer mes ingénieurs des choses à faire et à ne pas faire en matière de d’infrastructures urbaines et périurbaines. Je me renseigne donc sur ce qui se fait dans d’autres villes, j’espionne en quelque sorte… Nous faisons aussi des sorties moto avec des élus et des responsables techniques mais surtout sur les routes. La ville de Nantes est très intéressante par la densité et la qualité de ses aménagements urbains. Au ministère, notre action est plutôt ciblée sur les routes et les grands axes, mais nous aimerions pouvoir étendre nos interventions aux aménagements urbains qui sont pour l’instant gérés par les collectivités locales. En Belgique, il y a encore beaucoup d’aberrations, dangereuses, dans les infrastructures. À Nantes, j’ai vu du bon et du moins bon… Par contre j’applaudie tout ce qui est chanfreiné, c’est un bel exemple d’un détail de conception qui peut sauver une vie.

MM : Quelle est ta conception personnelle du deux-roues motorisé ?
PG : Pour moi, une moto c’est une voiture en moins. Une voiture pollue plus parce qu’elle brûle du carburant inutilement dans un embouteillage. Une moto qui se faufile participe à la fluidité du trafic et donc à limiter le bilan carbone d’une ville. Dans l’idéal, on pourrait dire, plus il y a de moto moins il y a de voiture. Plus les motards seront content, avec plus en sécurité. Quant à tous ceux qui sont obligés d’être en voiture, ils seront satisfaits par la fluidité du trafic. Et en plus, quel gain pour l’environnement ! CQFD, ce n’est quand même pas compliqué à comprendre !

MM : À ton avis, comment peut-on arriver à faire évoluer les comportements ?
PG : Tout d’abord, par l’éducation des automobilistes, en leur faisant accepter un nouveau modèle de circulation basé sur le partage. Ensuite, en éduquant le motard, de façon à ce qu’il puisse, par le sérieux de son comportement, faire comprendre sa fragilité en respectant les autres usagers. Je pense aussi que le niveau de formation actuel des motards n’est pas suffisant. Pour moi, le permis (Belgique) c’est une validation, une autorisation pour conduire un véhicule. Il faut acquérir la maîtrise, et c’est le plus long. Les stages de perfectionnement post-permis devraient être une évidence pour tous. Ils permettraient, j’en suis sûr, d’éviter de nombreux accidents chaque année. Dans la continuité de ces étapes de perfectionnement, je pense qu’il faudrait aussi rendre les circuits plus accessibles…

(1) – Source : Institut Belge pour la Sécurité Routière – Chiffres du 25 septembre 2011.

Propos recueillis par Fred Thibaudeau - Correspondant 44

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