Lors de la réunion plénière du CNSR (Conseil national de sécurité routière), le 29 novembre, cette instance regroupant experts et associations a recommandé au gouvernement de lancer une expérimentation de deux ans de la circulation inter-files (CIF). Il est intéressant de se pencher sur les organismes qui se sont prononcés « pour » et « contre » cette mesure.

Reconnaissance
« Il s’agit de la reconnaissance d’un mode de transport, les deux-roues motorisés (2RM) qui, jusqu’à présent, n’existaient pas aux yeux des autorités, et deviennent une catégorie de véhicules à part entière », commentait France Wolf, membre du bureau national de la Fédération française des motards en colère (FFMC), à l’issue de la réunion. « Cette mesure va dans le sens du partage de la route ». La FFMC se bat depuis plus de dix ans pour faire accepter cet usage, que les motards pratiquent d’eux-mêmes en milieu urbain, et qui est seulement toléré.

Partage de la route
« Nous sommes favorables à la recommandation sur l’inter-files, car il s’agirait de la première mesure qui favoriserait le partage de la route », a expliqué Patrice Bessone, président de la branche Formation des conducteurs du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA). « Nous pouvons former l’ensemble des apprentis conducteurs. On touche à la vérité de l’éducation routière ».

La Fédération française de motocyclisme (FFM) parle, de son côté, « d’avancée intéressante pour la moto ».

L’Automobile Club des Avocats, qui ne siège pas au CNSR mais s’est exprimée par un communiqué de presse, salue la proposition du CNSR d’expérimenter la circulation interfiles, et « espère qu’il s’agit d’un premier pas vers la reconnaissance juridique de cette pratique, aujourd’hui ni autorisée, ni interdite ! La reconnaissance la circulation interfiles permettrait l’enseignement de cette pratique. Elle permettrait aussi l’indemnisation par l’assureur du conducteur de deux-roues impliqué dans un accident de la circulation, alors qu’il pratiquait la circulation interfiles ».

L’association Prévention Routière s’est également prononcée en faveur de cette expérimentation. Son représentant s’est même demandé : « pourquoi une phase d’expérimentation de deux ans est nécessaire, pourquoi ne pas passer directement à la légalisation ? »

Patrick Jacquot, président de la commission 2-roues du CNSR et pdg de la Mutuelle des Motards, qui présentait la recommandation, lui a répondu : « cette expérimentation de deux ans fait suite à une recommandation du comité des experts du CNSR ». Qui manquerait de données statistiques permettant de vérifier que cette légalisation n’aboutirait pas à un surcroît d’accidents.

Doutes
Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière (LCVR), n’est pas du même avis : « combien de vies seront sauvées grâce à cette mesure ? Cette pratique est actuellement illégale. Les motards sont bridés parce que c’est une interdit, mais si on communique sur une expérimentation de la légalisation, cela risque de débloquer les comportements dangereux. Nous demandons que cette expérimentation soit assortie du port obligatoire d’un gilet rétro-réfléchissant par le conducteur ». Cette proposition n’a pas été retenue par le CNSR.

Charte équipement
Le délégué interministériel à la sécurité routière, Frédéric Péchenard, a précisé que la Sécurité Routière allait développer une opération de sensibilisation au port d’un équipement de protection individuelle (EPI) par les motards, en relation avec la filière deux-roues motorisés. Le délégué et le président délégué de la Chambre syndicale des importateurs de moto (CSIAM) signeront une « charte collective pour lutter contre l’insécurité routière », le 3 décembre prochain au salon de la moto et du scooter de Paris.

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