Se mobiliser pour être associé aux débats
C’est au cœur de l’été que la FFMC a choisi de mobiliser ses troupes pour se rappeler au bon souvenir des responsables municipaux qui ne cachent plus leur volonté d’imposer le stationnement payant pour nos scooters et moto à Paris, comme l’ont déjà fait les villes limitrophes de Charenton et Vincennes.
Alors que des assises du stationnement sont prévues à l’automne prochain à Paris, Jean-Marc Belotti déplore que la Fédération ne soit pas invitée autour de la table : « On ne voit pas comment les élus pourraient prendre des décisions qui concernent les usagers sans les associer » indique le coordinateur de l’antenne parisienne de la FFMC. Il n’est toutefois pas surpris par la manière : « La mairie de Paris, qui s’est radicalisée en se verdissant, fait désormais cavalier seul, y compris contre les communes limitrophes dont les habitants seront nécessairement impactés par le stationnement payant des 2-roues à Paris. » Pour inciter les élus à changer de méthode, le millier de motards réunis a choisi de défiler de la porte de Vincennes jusqu’à la tour Eiffel ce samedi 18 juillet, avec un inévitable crochet devant l’Hôtel de Ville.

Dés déjà jetés
Et si les prochaines assises doivent débattre de la pertinence ou non d’imposer ce fameux stationnement payant aux 2-roues et de ses modalités tarifaires, on s’étonne de voir déjà David Belliard, adjoint à Paris en charge de la transformation de l’espace public, des transports et des mobilités, avoir déjà un avis tranché sur la question comme il le déclare sur Twitter.

Hidalgo n’avait pas besoin des Verts
Un militant croisé sur le cour de Vincennes, point de départ de la manifestation, s’insurge contre cette position et s’étonne du poids pris par David Belliard alors même que le candidat EELV (Europe écologie les verts) concédait lui-même avoir fait un score en deçà de ses espérances avec seulement 10,8% des voix au premier tour des municipales. « Hidalgo n’avait pas besoin de s’associer aux Verts pour remporter la mairie. » Notre interlocuteur continue : « C’est plié d’avance et c’est un scandale. Quand on sait que le stationnement payant des automobiles n’a jamais réduit la circulation, on ne peut plus avoir de doute. Le projet de stationnement payant pour les motos n’a rien de rationnel, c’est juste une position idéologique. »

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Jean-Marc Belotti au départ de la manifestation prend le micro pour rappeler les enjeux : « Nous ne sommes pas contre l’écologie, au contraire ».

Les motards acteurs de l’écologie
Sur le chapitre de l’écologie, Jean-Marc Belotti complète : « Nous ne sommes pas là pour nous opposer à l’écologie et nous voulons tous léguer une planète saine à nos enfants. Mais il faut quand même être sacrément de mauvaise foi pour ne pas admettre qu’un véhicule qui occupe 4 fois moins de place qu’une automobile, qui passe moins de temps en circulation et en recherche de stationnement et qui ne roule pas au diesel n’ait pas un rôle à jouer dans la transition énergétique ». Jean-Marc rappelle également que le 2-roues ne coûte rien à la collectivité : « nous n’avons ni prime à la casse, ni prime au diesel (et pour cause) et ne demandons pas d’autre aménagement de voirie qu’une trace de peinture blanche au sol pour stationner. »

La solidarité pour faire la différence
L’incompréhension face au projet de la mairie est également de mise chez les manifestants. Ainsi Abdel, venu en scooter Peugeot - sa Honda CB 500 X est au garage - pointe aussi ce qu’une telle mesure lui coûterait en temps de parcours. Son trajet domicile - travail lui prend 2 heures en voiture, 1h30 en transport en commun et 30 minutes à moto. Le jeune trentenaire reste toutefois confiant quant au résultat de cette mobilisation : « Le coronavirus a montré que nous étions capables de solidarité. Nous devons continuer à l’être et rappeler que sans les motos, Paris ne bougerait plus et ne respirerait plus. »

Même raison d’espérer pour Johann, 23 ans, venu avec Emilie au guidon de son Suzuki GSR. « C’est vrai que c’est aussi un plaisir de venir manifester. On a l’impression d’être en famille. Mais on est là pour se faire entendre. Qui ne tente rien n’a rien, nous devons nous battre. » Des propos que ne renierait pas le coordinateur de la FFMC Paris : « Si nous avions dû nous écraser à chaque fois que le combat était inégal, nous n’aurions obtenu aucune avancée. »

La prochaine sera d’être reçu par la municipalité pour prendre part aux discussions de ces fameuses assises du stationnement. Dans l’attente, Jean-Marc promet d’autres mobilisations.

©photos : Pierre Orluc & Guillaume Dayan

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