Vous aimez les radars mesurant et sanctionnant la vitesse ? Vous allez adorer les radars pollution — l’appellation officielle. Pendant une semaine, du 11 au 16 novembre, un exemplaire fonctionne à Marseille, boulevard de Dunkerque, sur une passerelle autoroutière.

Installé au bord de la chaussée, un laser mesure en temps réel les particules émises par chaque voiture passant devant lui ainsi qu’une série de polluants gazeux : hydrocarbures, monoxyde et dioxyde de carbone, etc. (infographie ci-dessous). Il est mis en œuvre par un bureau d’étude spécialisé, Rincent Air.

Où est le “‘bonne” ?

Il s’agit d’un « radar éducatif qui indique aux automobilistes le niveau de pollution que produisent leurs voitures », explique Atmosud, observatoire de la qualité de l’air en Provence-Alpes-Côte d’Azur.


En fonction des rejets mesurés, un message « acceptable », «  médiocre », ou « mauvaise » s’affiche sur l’écran installé un peu plus loin. Etonnamment, le terme « bonne » n’est pas prévu. Pour Atmosud, la raison en serait évidente : « Parce qu’il n’y a pas de bonnes émissions !, explique Stephan Castel, le responsable de son pôle innovation et communication. On nous dit : “Vous êtes autophobes !” En fait, non, pas du tout. La voiture est un outil très utile, mais elle pollue. […] c’est vrai que pour améliorer la qualité de l’air en centre-ville, il faut diminuer le nombre de voitures. Mais ça ne veut pas dire tout interdire. »

Les motos pas concernées

Dans l’immédiat, pas de panique, donc. D’abord, pour des raisons techniques, les motos ne sont pas concernées. Ensuite, le radar pollution — déjà testé à Lille en juin 2016 — n’est pas là pour verbaliser, mais pour sensibiliser.

Pour autant, est-ce si simple ? «  Il ne faut pas oublier qu’à terme, toutes ces données vont servir à renforcer le système de la vignette Crit’Air et à agir sur les jours de restrictions de circulation », estime ainsi Daniel Quero, président de l’association 40 millions d’automobilistes, très remonté contre l’action qu’il considère comme « une mascarade à l’encontre des automobilistes ».

Anonymisées, les données serviront effectivement, selon Atmosud, « à apporter des informations pour les transmettre à la Métropole et à la préfecture pour les aider dans leurs choix ». Et ce n’est pas anodin : Marseille travaille sur la mise en place prochaine d’une ZFE, Zone à faibles émissions qu’elle assortira évidemment au fumeux système de vignettes Crit’Air.

Pour autant, certifie Stephan Castel, « on ne conservera pas les données, il n’y aura pas de base de données de plaques d’immatriculation des gens qui avaient telles ou telles émissions. Atmosud va transformer les infos recueillies en catégories. On n’est pas là pour verbaliser les gens. On veut que chacun prenne conscience qu’il concourt, par ses actions, à la pollution de l’air et qu’il se demande comment agir [contre] ».

Pour l’instant, un one shot

Les deux premiers jours de l’opération, un peu plus de 5 000 voitures ont été mesurées quotidiennement. Parmi elles, selon Atmosud, « très peu ont généré de message “mauvaise”, beaucoup de “médiocre”, pas mal également “d’acceptable” ».

Pour l’instant, il s’agit d’un one shot. En fonction des données relevées, l’expérience sera, ou pas, reproduite.

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