Essai

La Yamaha FZ8 de base souffre de deux défauts majeurs : un manque de sex-appeal avec son esthétique datée similaire à celle de la 1000 cm3, et une partie-cycle « bon marché » qui n’est pas à la hauteur des rivales européennes. Pour corriger le tir, la marque aux diapasons réagit sur le marché français. Pour l’enveloppe extérieure, Yam a choisi d’apposer un jeu d’autocollants racing, de placer des écopes latérales, une grille de radiateur, des tampons de protections moteur et de modifier le support de plaque. Le silencieux d’échappement d’origine étant considéré comme indigne d’une machine de cette catégorie, c’est un échappement Lazer qui prend du service, pour le plaisir des oreilles. Enfin, pour tenter de contenir les mouvements de la partie-cycle, un élément Öhlins vient remplacer le faible amortisseur monté à l’usine.

Souplesse et douceur. Ainsi rhabillée, la FZ8 SP-R « made in France » peut désormais partir à la conquête d’un public nouveau. Côté tarif, là aussi, Yamaha fait des efforts, car ce kit complet permet une économie de 1 370 euros par rapport à l’achat de ces éléments à l’unité. Mais passons aux choses sérieuses… en nous catapultant en Haute-Savoie, là où les nombreux virages dus au relief tourmenté peuvent compliquer la tâche à la plus rutilante des machines. Premier constat, le moteur semble ragaillardi. Le silencieux Lazer ne transforme pas la mécanique et la poussée est toujours aussi linéaire. Mais les gaz s’écoulent mieux dans cette nouvelle enveloppe, phénomène qui apporte plus de rondeur à l’utilisation. Et le multicylindre chante mieux. Contrairement à une Triumph Street Triple, la FZ8 est parfaite pour les motards sans trop d’expérience. La douceur du moteur et sa souplesse à bas régime sont deux alliés de taille quand on doit évoluer à bas et moyen régimes. Plus haut dans les tours, la mécanique ne se laisse pas abattre et se montre efficace… mais n’impressionne toujours pas.

C’est davantage sur le chapitre du comportement que l’on note les plus gros progrès. Si la version de base limitait rapidement les ardeurs (garde au sol réduite et pompage de l’amortisseur arrière), cette version SP-R et sa suspension arrière Öhlins corrigent le tir. En effet, les tergiversations de l’hydraulique au passage des bosses n’ont plus cours et l’on prend plaisir à solliciter la Yam FZ8 sur les routes viroleuses. Certes, notre version d’essai souffrait de pneumatiques à l’usure avancée, rendant la direction lourde, mais un exemplaire chaussé de neufs fera le bonheur de ceux qui voient d’un mauvais œil les longues lignes droites.

Côté freinage, pas de changement : la puissance est toujours obtenue une fois passé le spongieux du levier. On regrette l’époque à laquelle les Yamaha avaient un meilleur feeling à la prise du levier (première génération de Fazer, par exemple).

Verdict. Difficile de considérer la Yamaha 800 SP-R comme une super FZ8. Cette version « optimisée » se comporte réellement mieux sur petites routes grâce à son amorto de meilleure facture, mais on est encore loin des excellentes per- formances d’une Ducati 796 Monster ou d’une Triumph Street Triple R, deux machines étonnantes du point de vue du comportement et pesant 25 kg de moins sur la balance, ce qui n’est pas rien. Disons que la Yamaha FZ8 SP-R offre les prestations que le modèle de base aurait normalement dû proposer dès la version initiale. Et bien que l’addition finale soit contenue, on apprécie les efforts sans pourtant être complètement convaincus.

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