Comme à la grande époque, ils se sont donné rendez-vous au petit matin, place du Trocadéro, ce vendredi 27 décembre. Dans quelques minutes, alors que les phares carrés de leur 600 Ténéré peineront à percer la nuit finissante, ils prendront la route pour Dakar, mettant un terme à 18 mois de préparation et d’attente. Le raid Ténéré Memory est désormais sur la route pour 15 jours d’aventure et de passion à l’ancienne.
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Oscar Wilde recommandait d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue. Jean-Louis Querel, chef de file du Raid Ténéré Memory (dont Moto Magazine est partenaire), a suivi à la lettre le conseil de l’auteur irlandais en poursuivant avec opiniâtreté un rêve, non seulement grand mais également ancien. Il s’est concrétisé ce matin du vendredi 27 décembre quand le jeune retraité a pris le guidon de sa Yamaha 600 Ténéré (type 1VJ), évidemment bleu et jaune, direction Dakar.
C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe
L’homme veut depuis longtemps faire son Dakar et a déjà tâté du sable dans sa jeunesse en allant à Tamanrasset en 1985. Alors que bien des motos se déclinent aujourd’hui à la mode « Adventure », le Messin refuse de céder à l’appel de cette modernité et de ses raffinements électroniques. Pour Jean-Louis, un Dakar digne de ce nom se mène nécessairement sur une Yamaha 600 Ténéré bleue Sonauto. Un choix qui signifie aussi son attachement à la marque aux 3 diapasons et à son emblématique patron d’alors, aujourd’hui décédé, Jean-Claude Olivier. « JCO a été l’un des premiers à s’intéresser au rallye raid. Après le règne de la 500 XT, il a initié le concept de la Ténéré, une moto qui a toujours représenté un idéal d’aventure » nous indique Jean-Louis.
Des réseaux sociaux au sable
L’ancien ingénieur du son décide alors, en septembre 2017, de créer un groupe Facebook privé. Le Ténéré French Team réunit bientôt un millier de membres autour d’une même passion : celle du monocylindre bleu. Parmi eux, Gérard Brondy. L’urbaniste de 52 ans, très impliqué dans le milieu du TT, a participé à l’organisation du Paris-Dakar 2007, le dernier en terre africaine. Fort de ce CV d’enduriste chevronné, il tombe immédiatement sous le charme du Raid Ténéré Memory imaginé par Jean-Louis. « J’étais jaloux de ne pas avoir eu l’idée moi-même » plaisante-t-il.
C’est donc décidé, nos deux compères rouleront dans la trace des plus grands pour rejoindre Dakar au guidon d’une Ténéré. En tout ils seront une petite dizaine de pilotes (dont une femme, Isabelle) à faire partie de l’aventure. Ils ont de 33 à 65 ans et ont en commun de porter le rallye raid au firmament des pratiques motocyclistes. Et ils ne se contentent pas de reprendre les motos des précurseurs, ils en ont aussi gardé l’état d’esprit avec un raid placé sous le signe de la solidarité, de l’aventure et de la camaraderie.
[(La très vivace aura du Dakar
Parmi les passionné(e)s venu(e)s encourager les participants du Ténéré Mémory, Antoine détonait par son âge et sa machine. Le jeune homme n’était pas né à la grande époque de Thierry Sabine, ce qui ne l’empêche pas de porter le Paris Dakar aux nues. En atteste sa Yamaha XT 1200 Super Ténéré avec laquelle il chemine dans les encombrements parisiens tous les jours. Et pour se mettre un bâton de plus dans les roues, il a installé de larges valises latérales alu sur son volumineux trail. Pour garder l’équilibre en se faufilant dans le trafic parisien, nul doute que notre motard sollicite ses connaissances acquises en pratiquant le cross et l’enduro dans son Auvergne natale. Quant au virus de la moto, il le doit à son père qui a fait des voyages à moto avec Jean-Louis Querel. Il le regardera partir avec envie ce matin avant de s’installer lui aussi au guidon de sa Ténéré qu’il béquillera quelques kilomètres plus loin au pied de son bureau.