Essai

Gadget ou must have ?
Vous le savez, Moto Magazine n’est pas du genre à faire la promotion des gadgets dernier cri, la plupart du temps onéreux et superflus. Et ces dernières années, les gourous du marketing n’ont pas chômé pour vendre, au prix fort, de plus en plus de motos… de moins en moins pratiques ! Ces fameuses suspensions semi-actives, arrivées il y a quelques années sur les motos haut de gamme, en étaient l’archétype : « C’est cher et cela ne sert pas à grand-chose… » Mais ça, c’était avant ! Avant la sortie de la Yamaha MT-10 SP, il y a deux ans. Avant que les suspensions Öhlins semi-actives ERS, et leurs nombreuses possibilités de réglage, prouvent leur efficience.

Une gueule à dévorer la route
Mais, trêves de bavardage… Si pour vous, un roadster sportif va de pair avec l’aspect bariolé des stickers racing, à l’instar des MotoGP, la Tuono 1100 Factory va vous ravir, surtout dans sa robe « Superpole » ! Tout y est : drapeau italien, logos courant le long du cadre et des carénages, sponsors techniques et le hashtag #beAracer sur la boucle arrière ! Ceci posé, l’Aprilia a d’autres arguments à faire valoir, comme sa finition léchée, la noblesse de ses matériaux, et une gueule qui semble prête à dévorer la route, même en statique. Mais Aprilia aurait pu quand même se fendre d’un petit restylage, la face avant, avec ses feux à ampoules, commence vraiment à dater…

Taillée pour la performance
Ra-di-ca-le ! Voilà le qualificatif qui vient aux lèvres en montant sur l’Aprilia. C’est bel et bien une hypersport déshabillée qui s’offre aux regards, avec des repose-pieds en arrière et relevés, les talons dans les fesses et un buste penché sur un guidon presque plat. Et si vous jetez votre dévolu sur l’échappement Akrapovic optionnel, votre talon gauche n’aura d’autre choix que de se poser dessus… Ipso facto, la ville n’est pas son terrain de jeu favori, la faute aussi à un rayon de braquage réduit, une première vitesse hyper longue et une sonorité « expressive » ! Enchâssez-y un V4, et vous voilà au guidon d’une moto taillée pour la performance et en aucun cas pour la maraude urbaine. Justement, la performance, ça donne quoi sur les routes montagneuses des Dolomites ? Gaz !

La banane à vive allure !
Réglage en mode « Sport », suspensions sur « A2 », ABS, ATC et AWC sur « 2 », j’enquille derrière l’ouvreur, qui semble bien connaître le terrain… D’entrée, je retrouve ce moteur extraordinaire, ce V4 de 175 chevaux, à la sonorité aussi unique que jouissive. Une « turbine » de compet’ qui vous plonge dans une ambiance « racing » à laquelle il est difficile de résister ! Le 4-cylindres prend les tours avec furie et vous catapulte dans un décor de jeu vidéo, le tout à la faveur d’un shifter « double effet » rapide et précis. Et que dire du petit coup de gaz au rétrogradage, un « bwouaââmm » sec, façon motoGP, tout simplement terrible ! Ceci dit, ce moteur présente aussi des faiblesses, comme sa mollesse sous les 3 500 tours, la zone où la valve d’échappement reste fermée, une caractéristique qui peut surprendre en sortie de virage, si l’on est sur un rapport trop haut…

Grâce divine
Côté tenue de route, c’est tout bonnement un sans-faute. Suspensions réglées sur A2, c’est bien, mais sur A1, c’est encore mieux. Plus ferme, plus précis, ce réglage donne toute son envergure au châssis « tout alu » de la Tuono et fait aussi honneur à un train avant simplement parfait. Oui, l’Aprilia Tuono, avec ses nouvelles suspensions Öhlins « Smart EC 2.0 », pose les jalons d’une nouvelle référence en termes de stabilité et de précision. Avec elle, tout est si facile qu’il faut savoir raison garder pour ne pas s’imaginer en pleine spéciale de rallye et se mettre à tout frotter ! J’admets que ma raison s’est quelquefois égarée… Fort heureusement, le « cornering » ABS paramétrable veillait au grain, à l’instar de l’antipatinage, super fin question réglages.
Pour finir, le freinage avant, aussi puissant que dosable, obtient une mention très honorable, contrebalancée par un résultat juste passable pour l’arrière, la faute à une pédale sans grande consistance sous la botte et d’une puissance moyenne.

Verdict
Salvador Dali disait : « Ne craignez pas d’atteindre la perfection, vous n’y arriverez jamais ». Eh bien Aprilia a tôt fait de le désavouer ! Car cette Tuono place la barre très haut ! Pour qui cherche la performance absolue, elle incarne l’harmonie parfaite entre moteur, châssis et électronique de pointe. Certes, elle est inadaptée à un usage au quotidien, sans parler de son impact certain sur la santé de votre compte bancaire ; mais, nonobstant ses défauts, le passionné ne lui en fera pas grief, tant elle en donne… pour 17 999 € (soit 2 000 € de plus qu’une Yamaha MT-10 SP, sa concurrente la plus directe). Là aussi, elle monte sur la plus haute marche du podium ! Première partout, l’Aprilia Tuono 1100 Factory…

Publicité
Fiche technique

Aprilia Tuono 1100 Factory (données constructeur)
Moteur
- 4-cylindres en V à 65° à refroidissement liquide, 4T, 2 ACT, 4 soupapes par cyl.
- Cylindrée (al. x cse) : 1077 cm3 (81 x 52,3 mm)
- Puissance maxi : 175 ch (129 kW) à 11 000 tr/min
- Couple maxi : 12,3 m.kg (121 N.m) à 9 000 tr/min
- Alim./dépollution : injection Ø 48 mm/Euro 4
Transmission
- Boîte de vitesses : 6 rapports
- Transmission finale : par chaîne (15x42)
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 2 disques Ø 330 mm (4 opp.)
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 220 mm (2 opp.)
- Pneus Av-Ar : 120/70 ZR-17 - 200/55 ZR-17
- Réservoir (réserve) : 18,5 litres (+4 litres)
- Poids : 209 kg (en ordre de marche)
- Hauteur de selle : 825 mm
Pratique
- Coloris : « Superpole » gris/rouge
- Garantie : 2 ans pièces et M.O., assistance
- Prix : 17 999 €

Commentaire (0)