Certains spécialistes de la sécurité routière ont réagi vivement au projet de déclassement de l’infraction de défaut de permis de délit en amende. Le fait que ce soit un délit plutôt qu’une amende joue-t-il un rôle dans la décision d’un usager de conduire sans permis ?
Je ne crois pas. A la moindre récidive, le contrevenant risque la prison. Certains ont même prétendu que cette réforme constituerait une incitation à ne plus passer le permis car l’amende serait inférieure à son coût. Cela n’a aucun sens. Il faudrait se poser la question de savoir combien d’accidents sont causés par des personnes en défaut de permis de conduire, et quel est leur profil.

Avec le processus de désengagement de l’État de l’examen du permis de conduire, celui-ci a-t-il encore une raison d’être ? Pourquoi pas un contrôle continu ?
L’avenir n’est pas si noir. On aura bien une déréglementation, l’autorité ne pouvant plus assurer financièrement le suivi de l’enseignement. Mais on va peut-être vers la mise en place de certifications sur l’enseignement.

Le véritable contrôle continu n’est pas possible dans le cadre actuel fixé par l’Union Européenne. Quant aux fameux postiers qui remplaceraient les inspecteurs du permis de conduire (IPC), c’est encore un épouvantail médiatique. Le corps des IPC a déjà absorbé les ex-fonctionnaires privatisés et même des militaires (les anciens « emplois réservés »). Ces personnels ont toujours été formés et leur travail vaut celui des inspecteurs statutaires.

Il y a quinze ans, j’aurais dit que les enseignants étaient capables de lâcher les conducteurs dans la circulation après un contrôle continu. Mais avec la multiplication, parmi les écoles de conduite, des casseurs de prix ou des financiers plus intéressés par la rentabilité que par la transmission du savoir, ce n’est plus possible. L’idéal serait un contrôle interne, non pas des élèves mais du respect des programmes par les enseignants.

Et le top serait de pouvoir proposer des programmes à notre main qui seraient validées par la Sécurité Routière. Dans ce cadre, les examens pourraient être assurés par le privé dans le cadre d’une délégation de service public.

Améliorer la sécurité sur les routes passe par une amélioration de la formation à la conduite. Que préconise l’AFDM pour rendre meilleure la formation moto ?
Si on forme et motive les conducteurs, on arrive à augmenter la sécurité routière. On ne peut faire avancer la sécurité des deux-roues motorisé (2RM) en ciblant seulement les formations moto. C’est un tout, exactement comme on ne peut améliorer la sécurité des piétons ou des vélos en formant uniquement ces usagers. C’est pour cette raison qu’il faut qu’on nous considère, nous motards, comme des usagers fragiles et non comme des irresponsables qui seraient coupables de leurs propres accidents.

L’AFDM possède une expertise sur les formations moto, mais aussi plus généralement sur les formations à la conduite. Nous avons déjà prouvé que notre force de proposition était réelle lors des différentes concertations sur le 2RM.

Lors d’une formation AFDM, le stagiaire ouvre les yeux sur les progrès de la sécurité routière et non de l’insécurité routière, sur la place relative des décès routiers par rapport à d’autres causes (maladies…) et sur le fait que si les statistiques d’accident baissent autant, c’est grâce à la protection qu’offre aujourd’hui une voiture, corrélée à l’amélioration du réseau routier et de la formation des conducteurs.

Les laissés pour compte sont les fragiles. Les motards, notamment. C’est à nous de nous protéger sur des routes où la distraction du conducteur devient la règle : conduire est devenu ringard, maintenant on se doit de surtout ne jamais perdre le contact avec ses centaines d’amis… Nous allons donc attirer l’attention des stagiaires sur les limites de perception, les interprétations cognitives, et développer un automatisme de méfiance. Tout ceci se passe lors des cours pratiques mais surtout lors de groupes de réflexion et d’échange entres élèves.

Le site de l’Association pour la formation des motards (AFDM) : www.afdm.org

Compléments d’information

Défaut de permis de conduire : et si Christiane Taubira avait raison ?

- Opinion d’un motard : lire le billet du Marcoblogue sur la plateforme de motomag.com
- Projet de loi Justice du XXIe siècle sur senat.fr
- Sur le site gouvernement.fr

Dans la Boutique motomag.com

- Complétez votre formation à la conduite en lisant le guide « Plus de 100 conseils de conduite moto et scooter »

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